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Portrait de notre nouvelle doyenne, Prof. Geneviève Saumier

Auteur·e·s

Marilou-Rose Caron

Publié le :

29 novembre 2024

Diplômée et enseignante de l’Université McGill, Prof. Geneviève Saumier présente une feuille de route assez impressionnante. Spécialiste en droit international privé, experte en droit de la consommation et en résolution des différends, elle est, depuis le 1er août, la nouvelle doyenne de la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Elle a accepté de s’entretenir pendant un moment avec le Pigeon et nous lui en sommes très reconnaissantes.

« C’est seulement quand on s’assoit dans une salle de classe et que l’on voit comment les professeurs et les chargés de cours abordent la matière et comment les étudiants interagissent que l’on prend le pouls de l’expérience ».

Université de Montréal & décanat

Pourquoi l’Université de Montréal ?

Après avoir consacré l’ensemble de sa carrière d’enseignement à l’Université McGill, mais plus largement  au Québec, la professeure Saumier fut d’avis que l’opportunité d’occuper le poste de doyenne de notre faculté en était une d’exception. En plus du rayonnement régional, national et même international, elle souligne que la présence des diplômé.es de la Faculté de droit dans le paysage juridique québécois est remarquable. Elle me dit entre autres que, « pour moi, l’enseignement, la recherche et la formation étudiante sont au sommet de ce que l’on peut faire ». Qui plus est, elle considère les étudiant.es de premier cycle et de cycles supérieurs comme sa priorité durant son mandat:


« C’est la priorité pour moi qu’ils aient une formation de très haute qualité, mais aussi que l’expérience étudiante soit positive, où les étudiants peuvent vraiment réaliser leurs objectifs, découvrir de nouveaux intérêts  et de toujours les garder curieux par rapport à la contribution qu’ils peuvent amener. […] Plus qu’une grille de cours, c’est d’avoir des opportunités d’explorer toutes sortes de questions ».


Bien que les derniers temps aient été une période d’apprentissage pour elle, Prof. Saumier exprime le souhait d’aller s’asseoir dans les salles de classe afin d'adopter la perspective étudiante:


« C’est seulement quand on s’assoit dans une salle de classe et que l’on voit comment les professeurs et les chargés de cours abordent la matière et comment les étudiants interagissent que l’on prend le pouls de l’expérience ».


De plus, Prof. Saumier mentionne qu’elle souhaite que les étudiant.es comprennent qu’il n’y a pas seulement une issue de carrière juridique: il existe plusieurs trajectoires professionnelles en droit, au-delà de la carrière juridique traditionnelle. Elle relève qu’elle rencontre beaucoup de diplômé.es de la faculté qui sont allé.es dans des organismes ou des entreprises qui sont plus ou moins éloignés du droit. Ainsi, le droit peut être une formation plus généraliste où l’on acquiert des connaissances utiles, telles que mieux comprendre comment la société fonctionne, quelle est l’étendue de nos droits, ou encore qu’est-ce que notre responsabilité dans nos relations interpersonnelles ou commerciales.


Ayant une expertise en modes alternatifs de résolution de différends, elle observe que la promotion de ce type de carrière constitue une préoccupation partagée par de nombreuses facultés de droit, que cela soit au Québec ou dans le reste du Canada. Selon elle, il y aurait une tendance naturelle de se représenter le métier d’avocat.e comme se déroulant en salle d’audience, participant à des procès, alors que ce n’est pas le cas pour la majorité des praticien.nes. Se défaire de cette idée peut être difficile, mais le travail est entamé. Cela s’effectue notamment par un changement de culture qui passe d’abord par la formation universitaire, entre autres par l’offre du Centre de développement professionnel. Elle nomme également le cours de résolution des différends et le cours de droit des premiers peuples comme des moyens de mettre de l’avant, directement ou non, les types alternatifs de résolutions de différends.


Quant à l’avenir de l’enseignement du droit dans nos facultés québécoises, Prof. Saumier croit qu’il faut un équilibre entre la théorie et la pratique du droit, bien que l’on n’ait pas tous la même définition de ce qu’est la théorie et la pratique. Aller dans les salles de classes de la faculté va d’ailleurs lui permettre de mieux saisir l’identité de notre faculté. Il faut surtout, selon elle, des opportunités pour les étudiant.es de voir les deux. De plus, il faut concevoir les expériences pratiques dans un sens assez large, en prenant en compte à la fois la clinique juridique de la faculté, les travaux de rédaction, les cliniques juridiques externes et les concours de plaidoirie. En tant que grande faculté de droit, il est possible d’avoir une offre diversifiée pour les étudiant.es, mais il faut s’assurer qu’iels y voient une valeur ajoutée.


Études en droit

N’étant pas son premier baccalauréat et étant entrée en droit un peu par un concours de circonstances, Prof. Saumier n’avait pas d’attente en arrivant à la Faculté de droit de McGill. Ce qui lui reste en tête, ce sont les rencontres diversifiées qu’elle a faites et les professeurs inspirants qu’elle a eu la chance d’avoir. Elle nomme entre autres son cours de fondements du droit, qui lui a permis de réfléchir à la place du droit dans un contexte social. Elle mentionne également qu’elle s’est un peu cherchée durant son parcours universitaire, sans trop savoir ce qu’elle voulait faire – un sentiment auquel de nombreux.ses étudiant.es peuvent s'identifier. Le droit international, puis la question du règlement des conflits et l’arbitrage l’ont attirée pendant ses études et c’est là-dessus qu’elle s’est penchée lors de ses études supérieures. Elle explique que « parfois, c’est juste se laisser porter par les gens autour de soi, les profs inspirants, les expériences. […] Je pense que ce sont les expériences et d’être ouvert.es à différentes expériences au cours de nos études. C’est cela qui peut nous amener à un endroit auquel on ne s’attendait pas. Je mets beaucoup d’importance sur le hasard et de laisser les choses prendre leur cours. »  À la suite de ses études, Prof. Saumier a enseigné pendant toute sa carrière. À vrai dire, c’est la première année où elle n’enseigne pas et elle compte d’ailleurs reprendre l’enseignement dans les prochaines années. Pour elle, enseigner et partager sa passion pour un domaine du droit avec un groupe d'étudiant.es est un vrai privilège.


En lien avec le sujet de cette édition, il semblait juste de demander à Prof. Saumier si son expérience en tant que femme a influencé son travail d’une manière ou d’une autre. Elle explique que l’identité de genre a toujours été quelque chose de pertinent. Elle évoque quaujourd’hui, plus de la majorité des étudiant.es à la Faculté de droit de l’Université de Montréal sont des femmes, tandis que celles-ci restent minoritaires au sein du corps professoral. Elle ajoute également que plus on monte dans les échelons, plus on retrouve cette disparité. Toutefois, elle ne peut pas dire qu’elle a fait face à des obstacles. Elle ne s’est jamais imposée de limites et a su tracer son propre bout de chemin dans les milieux universitaire et professionnel. Elle complète en expliquant « qu’il ne faut jamais sous-estimer l’impact que cela peut avoir quand on rentre dans une salle, dans une réunion, de s’assurer qu’on ne sous-estime pas le rôle qu’on a joué. Le combat pour l’égalité, ce n’est jamais terminé. »


Pour conclure l’entretien, j’ai demandé si elle avait des conseils pour les étudiant.es qui entament le baccalauréat en droit, mais aussi ceux et celles qui le terminent. Prof. Saumier souligne le fait que chaque étudiant.e arrive avec des expériences de vie différentes ainsi que des contextes sociaux, personnels et familiaux différents et donc qu’offrir un conseil unique est difficile et peut se révéler inauthentique. Elle mentionne cependant que le message à passer, aux étudiant.es qui arrivent et terminent le baccalauréat, est de saisir les chances au moment où elles se présentent à nous, bien que cela soit facile à dire.


« Il faut se donner la chance de faire quelque chose de différent, de s’ouvrir à quelque chose de différent et que les étudiants se fassent confiance, qu’ils ont les moyens de naviguer des carrières qui ne sont pas linéaires. Que le linéaire puisse être sécurisant, mais ce n’est pas toujours ce qui permet de nous épanouir. »

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