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Une association étudiante qui s’inscrit dans l'ère du temps : Retour sur une AG plus que décevante

Auteur·e·s

Philomène Paul, présidente du Fonds étudiant pour la défense juridique des animaux (FEDJA)

Publié le :

30 avril 2025

« Le vote est comptabilisé. Tous les articles en lien avec la politique du végétarisme sont définitivement abrogés. » En entendant cette phrase, un sentiment de profonde déception m'a envahi. J’ai été réellement assommée par l’annonce du président de l’Assemblée générale spéciale qui annonçait, le vendredi 28 février 2025, que non seulement nos efforts pour défendre la politique n’avaient pas porté fruit, mais qu’une majorité écrasante de mes confrères et consoeurs avait délibérément choisi d’abolir une politique progressiste et inclusive : les articles en question imposaient que tous les événements organisés par l’AED ou ses comités n’offrent « que des produits et des mets végétariens ou végétaliens ». Ce qui me frappe le plus, c’est que j’ai vu se dérouler devant mes yeux un retour dans le passé qui s'insère directement dans le mouvement de régression observable à l’échelle planétaire.

« Le vote est comptabilisé. Tous les articles en lien avec la politique du végétarisme sont définitivement abrogés. »

À l’heure actuelle, où la mondialisation et la globalisation sous-tendent la majorité des politiques publiques annoncées, les nouvelles qu’on entend et qu’on lie à longueur de journée sont plus qu’inquiétantes. Partout dans le monde, la montée de l’extrême droite est un phénomène qui prend de l'ampleur, et ce, très rapidement. Aux États-Unis, on peut penser à Trump, qui, dès son arrivée à la Maison-Blanche, a déjà signé des dizaines de décrets qui révoquent des droits à des communautés marginalisées. Au Canada, dès son entrée en fonction le 14 mars, le nouveau premier ministre, Mark Carney, supprime le poste de ministre des Femmes, de l’Égalité des genres et de la Jeunesse ainsi que le poste de ministre de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes en situation de handicap. C’est réellement effrayant de constater que les droits sociaux sont effacés pour faire place aux inégalités, le tout faisant profiter les plus riches et puissants.


Pour certains qui croient que les articles sur le végétarisme étaient anodins, sans impact, cela pourrait paraître exagéré de comparer leur abrogation à la vague conservatrice qui fait des ravages partout dans le monde; au contraire, c’est un exemple parfait du recul de la solidarité chez la population, de l’esprit de communauté qui est relégué  aux oubliettes. Je vois un retour de l’ère de la loi du plus fort, une glorification de l’individualisme. C’est triste à dire, mais de nos jours, il ne s’agit plus de se battre pour instaurer de nouvelles politiques progressistes, mais de lutter pour préserver le statu quo.


Abroger les articles est, selon moi, un geste qui incarne cet égoïsme. Les étudiant.e.s ont manqué une chance en or de réfléchir réellement aux impacts de leurs gestes dans le cadre d’un véritable débat basé sur l’écoute, l’ouverture d’esprit et la bonne foi. Ils ont manqué la chance de penser en tant que collectivité au lieu de penser en tant qu’individu qui aime manger des viandes froides. Il s'agissait de se projeter au-delà des « complications » de manger végé et de se demander ce qu’un tel geste pouvait représenter en tant que faculté : la Faculté de droit retire une politique progressiste et inclusive. Ce faisant, elle s'inscrit dans un mouvement de régression, de recul. Le bien-être collectif à long terme (c'est-à-dire vivre dans un environnement sain) est passé après l’inconfort que ressentaient plusieurs à faire un petit effort supplémentaire pour délaisser leurs charcuteries le temps d’un dîner-causerie. Le 28 février dernier, j’ai eu honte de faire partie d’un groupe qui envoyait ce message. Les avocat.e.s ont déjà une mauvaise réputation auprès de la population générale. On les perçoit négativement comme des gens qui privilégient le profit, sans se soucier des autres, et qui se croient supérieurs à tout le monde. Notre comportement à la dernière AG vient, en mon sens, prouver ce constat.


La politique sur le végétarisme représentait une mesure positive ayant été adoptée en 2019 par l’Association des étudiant.e.s. en droit qui croyaient, à l’époque, que les étudiant.e.s pouvaient réellement faire une différence sur leur empreinte écologique globale. Ces personnes ont pris une initiative avant-gardiste pour encourager leurs prochains à adopter de bonnes habitudes pour l'environnement. Ce sont des personnes qui considéraient que, pour limiter notre impact sur l’environnement, il était du devoir de toustes et chacun.e d’intenter des actions concrètes pour lutter contre la crise climatique. L’adoption de tels articles est une illustration que la responsabilité collective l’emportait sur des possibles inconvénients individuels.


Au risque de me répéter, je souhaite rappeler aux étudiant.e.s qu’adopter une alimentation végétarienne est l’un des gestes individuels qui a le plus grand impact positif sur notre empreinte écologique. L’argument soulevé à l’AG, soutenant manger du soya était polluant est, selon moi, une preuve que les étudiant.e.s passent complètement à côté de la plaque. Évidemment, tous les gestes que pose l’humain ont un impact sur l'environnement! Il est impossible de vivre et de s'alimenter sans affecter son empreinte écologique. Cependant, en faisant quelques recherches, on s’aperçoit que l'industrie de la viande est extrêmement polluante et, qu’au niveau écologique, elle est considérablement plus néfaste que l’alimentation à base de plantes. Faire autrement serait de l’aveuglement volontaire. C'est un devoir en tant que futur.e.s juristes de rester informé.e.s et de s’assurer que nos positions soient basées sur des faits exacts. Voici quelques statistiques dignes de mention : 65 milliards d’animaux sont tués chaque  année pour la consommation humaine, soit près de 2 000 animaux chaque seconde; les produits issus de l’élevage sont à l’origine de 80 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture (qui s'élèvent à 18% des GES émis globalement); le processus de production de viande, qui contribuent tout autant à l'impact négatif sur l’environnement, sont la production et la transformation des aliments pour les animaux, la fermentation entérique (les rots), le stockage/traitement du fumier et le transport de la viande produite; selon plusieurs chercheurs, un régime végétarien équilibré permettrait de diminuer la consommation en eau de 35 à 55 %; etc., etc., etc. Le végétarisme est incontestablement un mode d’alimentation plus durable et responsable que les habitudes alimentaires omnivores moyennes. J’encourage les sceptiques à consulter des ressources scientifiques sur ce sujet!


Évidemment, il est aussi intéressant de considérer l’aspect éthique de la chose. Consommer un animal n’est rien d’autre que d’exploiter la vie d’un autre être vivant que soi. Un événement de la faculté où de la viande est servie ne dure que quelques heures au maximum. Pour les animaux qui ont été sacrifiés pour ledit événement, c’est de toute leur vie dont il est question. Ici, on ne parle pas d’une vie épanouie et comblée. Les animaux d'élevage sont arrachés de leur mère, gavés, entassés dans des bâtiments souvent insalubres où ils ne pourront presque jamais entrevoir la lumière du jour. Est-il si difficile de s’abstenir de manger des animaux pendant quelques événements considérant toute la souffrance qui peut être évitée à d’autres êtres vivants?


Compte tenu de ces faits, il est important pour chacun de faire ses propres choix éclairés. Il n’est ni souhaitable ni constructif  de suivre la majorité par facilité, par souci d’acceptabilité sociale ou bien de voter pour telle ou telle politique sans avoir engagé une réflexion critique. J'aimerais que chacun prenne quelques minutes de son temps pour exercer une réelle introspection sur ses habitudes de vie et les sacrifices qu’ils sont prêts à faire pour contrer la crise climatique : est-ce réellement nécessaire de manger de la viande dans les événements organisés à la faculté? Est-ce que nous sommes capables de nous priver de consommer des produits carnés lors de ces événements, compte tenu des nombreux bienfaits que ce geste a sur l’environnement et pour les êtres animaux avec qui nous cohabitons? Je crois que la réponse à ces questions s’impose d’elle-même.


Étant moi-même impliquée au sein de mon comité depuis 3 ans, je peux vous garantir qu’organiser des événements végétariens (et véganes même!) n’est pas du tout un fardeau.  Au contraire, c’est tellement plus simple de commander uniquement des plats sans viande au lieu de devoir prévoir plusieurs options pour plaire à tout le monde! Nous pouvons témoigner que de faire affaire avec des traiteurs végétariens et véganes n'est pas taxant pour le portefeuille. Si votre comité a besoin d’un coup de main pour trouver des options sans viande, vous pouvez être sûrs que le FEDJA sera toujours là pour vous proposer des options et vous aider à adopter une alimentation végée.


Bien qu’il n’y ait actuellement plus d’articles imposant le végétarisme à la fac, rien n’empêche les comités et l’AED à continuer d’organiser des événements sans viande. Ne baissons pas les bras, continuons à défendre des politiques qui rendent le monde qui nous entoure plus inclusif. Continuons à prendre notre place pour défendre les intérêts environnementaux du mieux que nous le pouvons. Nous pouvons et nous devons faire mieux. Nous faisons partie de la future génération de plaideurs, de dirigeants et surtout de citoyens. Il est de notre devoir de penser plus loin que le bout de notre nez, de faire des sacrifices. Et rappelez-vous, s’il n’y a plus de planète, il n’y a plus de 5 à 7…

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