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Une élection remise en question

Auteur·e·s

Hugo Lefebvre et Jeanne Strouvens

Publié le :

16 mars 2023

Pour beaucoup d’étudiantᐧeᐧs à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, les élections de l’association étudiante sont un des grands moments de l’année pour faire entendre leur opinion sur la direction de notre vie étudiante, une occasion de prendre part à une vie associative qui semble parfois hermétique. Cependant, cet exercice démocratique requiert la possession des informations nécessaires pour faire un choix quant aux candidatᐧeᐧs, ce qui n’est pas toujours facile, particulièrement lorsque des postes sont convoités par une seule personne.

Nous souhaitons avant tout stimuler une réflexion sur les politiques de l’association étudiante dans de telles situations, sur la qualité de notre vie étudiante ainsi que sur les dynamiques sociales implicites qui peuvent parfois avoir une influence démesurée sur les opportunités d’engagement étudiant.

Or, il est très récemment arrivé à notre connaissance des informations concernant les élections de l’association étudiante que nous jugeons d’intérêt pour la communauté étudiante. En effet, une vidéo et des témoignages d’étudiantes ont indiqué que l’élue au poste de vice-présidente à la vie étudiante a, alors qu’elle était juge au carnaval organisé par l’AED, eu des comportements lui ayant valu l’expulsion de son poste. Sans impliquer un quelconque enjeu de consentement ou être illégaux d’une quelconque façon selon nos informations, ces comportements ont violé la politique de l'association visant à « contrer le phénomène d’abus de pouvoir présent lors des Activités d’accueil et du Carnaval », soit son article 2.1.4. concernant les rapprochements intimes avec les participantes.


La position de pouvoir convoitée puis obtenue par la personne en question implique d’être la responsable principale de l’organisation des fêtes de l’association étudiantes et, incidemment, des juges aux activités d’accueil et au carnaval. Cette personne sera également chargée de superviser l’application de la politique qu’elle a elle-même violée. Cependant, avec 5 des 9 postes à l’association étudiante convoités par une seule personne cette année, l’intéressée a été la seule candidate à ce poste lors des élections de cette année, rendant son élection plus ou moins inévitable. 113 personnes ont toutefois donné leur vote à la chaise. Lorsque interrogée, cette personne affirme ne pas voir « le rapport entre cette situation déjà réglée et le rôle de VP vie étudiante ». À son avis, ses expériences et ses idées font d’elle une personne compétente pour ce poste.


Dans le cadre d’une entrevue, le VP à la vie étudiante actuel a affirmé avoir averti l’intéressée à plusieurs reprises durant la soirée en question, sans succès. Il a également souligné que l’événement avait fait l’objet de discussions au cours d’une réunion virtuelle du conseil d’administration de l’association, mais que cette discussion n’avait pas fait l’objet d’un procès-verbal. C’est lors de cette discussion qu’aurait été prise la décision de démettre la personne de ses fonctions. En réponse à un étudiant nous ayant informé que l’exécutif de l’AED aurait tenté de faire disparaître la vidéo obtenue, le VP à la vie étudiante actuel affirme avoir invité un étudiant à supprimer une photo de la personne en question durant la soirée après que l’AED ait appliqué la sanction prévue par la politique. Selon lui, sa motivation était de ne pas aller plus loin que l’application de la sanction prévue et d’agir « par respect pour deux personnes qui n'avaient pas envie d'avoir des photos d'euxelles [diffusées au grand public] ».


Bien qu’on puisse comprendre cette gestion de la situation et les quelques bévues de l’association, qui relèvent sans doute davantage de l’urgence que de la mauvaise foi, ceci soulève tout de même des doutes quant à l’intégrité du processus décisionnel et des politiques applicables en l’espèce. Au fil des entrevues menées dans le cadre de la rédaction de cet article, des étudiantes ont souligné l’incohérence des politiques et règlements couvrant les activités de l’AED, qui permettent présentement qu’une étudiante démise de son poste de juge puisse être à la tête de ceux-ci l’année suivante. On nous a également rapporté qu’un autre juge, au courant du même carnaval, aurait violé cette même politique. L’AED n’ayant pas pris connaissance de cet événement avant la fin du carnaval, il est toutefois resté en poste pour la durée des activités, l’association lui ayant par la suite recommandé « fortement » de ne plus être juge. Après s’être également présenté au poste de VP à la vie étudiante, ce dernier s’est d’ailleurs désisté au début du processus électoral. On ignore les causes de ce désistement.


La suite des événements en question amène un questionnement sur l’influence qu’a pu avoir la proximité de l’intéressée avec l’association étudiante dans sa décision de se présenter aux élections étudiantes. En effet, selon des étudiant·e·s interrogé·e·s à ce sujet, cette personne a par la suite été encouragée à se présenter au poste de VP à la vie étudiante par des pairs, notamment des membres de l’association étudiante actuelle. Ceci semble témoigner d’une banalisation des mécanismes d’imputabilité en place, et ce même dans le cadre des élections.


En somme, l’objectif derrière la décision de diffuser les faits rapportés dans cet article n’est pas de porter le blâme sur une personne en particulier. Nous souhaitons avant tout stimuler une réflexion sur les politiques de l’association étudiante dans de telles situations, sur la qualité de notre vie étudiante ainsi que sur les dynamiques sociales implicites qui peuvent parfois avoir une influence démesurée sur les opportunités d’engagement étudiant.

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