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Retour en classe - Une entrevue avec la doyenne, France Houle

Auteur·e·s

Nicolas Saint-Amour

Publié le :

1 août 2020

L’Université de Montréal a annoncé le 12 mai dernier que la session d’automne 2020 se tiendrait principalement à distance pour assurer la sécurité des étudiants et du personnel universitaire en cette période de pandémie. Cette décision entraîne son lot d’interrogations : Comment évaluera-t-on les cours ? La qualité des cours se sera-t-elle améliorée par rapport à la fin de session d’hiver ? Quels cours auront lieu en présentiel ? Le Pigeon Dissident s’est entretenu avec France Houle, doyenne de la faculté, pour obtenir des réponses.


Comment la fin de session du trimestre d’Hiver 2020 s’est-elle passée selon vous ? Êtes-vous satisfaite dans l’ensemble du déroulement des séances de cours et des examens ?


France Houle : Considérant que nous n’avons eu qu’une seule semaine de pause pour nous permettre de prendre des mesures adaptées pour reprendre les cours virtuellement et assurer une fin de session correcte, nous sommes satisfaits. Dans ce contexte, les professeurs et les chargés de cours ont fait ce qu’ils pouvaient et l’équipe de direction a rapidement trouvé des solutions qui nous ont permis de terminer la session sans accrocs majeurs. Nous sommes très contents compte tenu des courts délais.


Quels ont été les défis liés aux formations virtuelles ? Plusieurs professeurs ont eu de la difficulté à enseigner à distance initialement. Une formation a-t-elle été offerte à ces derniers pour les aider à s’adapter aux cours en ligne ?


F.H. : S’il est vrai qu’il y a eu des difficultés d’adaptation lors des premières semaines de cours virtuels, il ne faut pas s’attendre à ce que ces problèmes se reproduisent à l’automne. Au début de la crise, les personnes clés capables d’aider les professeurs dans les cours n’étaient pas encore en place (on peut penser aux techniciens qui assistent aux cours).  Or, ce n’est plus le cas car des équipes ont été mises sur pied.


Avec le support financier du gouvernement, une équipe pédagogique a été créée avec le Centre pédagogique universitaire (CPU) pour préparer des capsules et former le corps professoral et les chargés de cours sur les bonnes pratiques pour les cours en ligne. Une équipe dédiée à la faculté de droit a également été mise sur pied pour assurer la transition en ligne. Par ailleurs, la fin de la session d’hiver a permis un apprentissage rapide et nous permet de savoir quelles sont les erreurs à éviter.


Il est à noter que pour les cours d’automne, il est probable que nous procédions à l’embauche d’étudiants pour aider les enseignants avec cette transition au cours en ligne, que ce soit pour aider à gérer les séances Zoom, aider à préparer les PowerPoint ou autres projets.


L’Université de Montréal a annoncé que la session à l’automne 2020 serait virtuelle. Or, le Gouvernement du Québec a fait l’annonce publique qu’il demandait aux universités de privilégier une rentrée en présentiel. À quoi faut-il s’attendre ?


F.H. : La décision de se préparer pour une session d’automne à distance en est une qui a été prise au niveau de toute l’Université de Montréal avec le gouvernement en fonction des directives de la santé publique. Il semble que le ministre de l’Éducation ne se soit pas bien coordonné avec les autorités de la santé publique. Le ministre de l’Éducation peut souhaiter publiquement qu’il y ait un retour à l’université en personne à l’automne, mais si les consignes de santé publique l’interdisent, ce retour se fera à distance.


Dans le communiqué de l’Université du 12 mai, il est indiqué que seuls les cours qui doivent absolument se donner en présentiel le seraient à l’automne. Pour la Faculté de droit, quels sont ces cours ?


F.H. : Ça ne s’applique pas vraiment à notre faculté. Les cours visés par ce communiqué sont davantage liés aux programmes scientifiques où il est nécessaire par exemple de venir à l’université pour des laboratoires et avoir accès à des outils spécialisés.


Les cours de formation pratique seront également donnés à distance à l’automne. Pour les cliniques juridiques, nous travaillons actuellement pour que les étudiants puissent rencontrer les clients directement en ligne et fassent tout le travail à distance. Les séminaires de recherches quant à eux pourront facilement être donnés à distance. Pour les concours de plaidoirie, il est trop tôt pour dire comment ils auront lieu mais il n’est pas impossible que les concours aient tout de même lieu et que les plaidoiries se fassent en ligne (de toute façon, les procès virtuels seront plus fréquents dans le futur donc il s’agirait d’une formation pertinente).

Le ministre de l’Éducation peut souhaiter publiquement qu’il y ait un retour à l’université en personne à l’automne, mais si les consignes de santé publique l’interdisent, ce retour se fera à distance.

Les étudiants de première année pourront-ils aller sur le campus pour se rencontrer au début du baccalauréat?


F.H. : C’est probable. Nous travaillons actuellement avec l’AED pour que les étudiants de premières années puissent vivre une journée d’accueil en personne à la faculté. Le but est de s’assurer que ces étudiants aient la chance de se rencontrer une première fois en personne. Nous pensons qu’une telle journée serait possible si nous préparons des petits groupes de 20 à 30 étudiants. Tout dépendra des directives de la santé publique. Cette journée d’accueil en présentiel serait limitée toutefois aux étudiants de première année. Par conséquent, les étudiants de deuxième et troisième année n’y auraient pas accès.


Quelles sont les motivations derrière la décision de courber de nouveau les cours qui auront lieu à distance autant durant la session d’été que durant la session d’automne plutôt qu’un choix offert comme durant la session d’hiver 2020 ?


F.H. : Il s’agit d’une décision de l’Université et non de la faculté. De la même façon que la Cote-R au Cégep comptera à nouveau à l’automne, notre processus de notation reprendra également. Pour moi, il n’y a pas de différence entre un cours complet à distance et un cours complet en présence au niveau des notes. Tous les étudiants reçoivent les mêmes enseignements. S’il y a un problème technologique pendant une session, les enregistrements sont également mis en ligne donc il n’y a pas réellement de matière qui peut être perdue par rapport aux autres étudiants.


À l’hiver, le barème d’évaluation a été modifié car la pandémie a pris tout le monde par surprise. Il a fallu une période de transition pour que tous puissent s’ajuster à l’enseignement en ligne et à faire des examens à distance. Par exemple, pour des parents d’étudiants, il est difficile de permettre les cours et les examens en milieu familial. On présume qu’à l’automne, les familles vont réussir à s’arranger pour mieux permettre de faire les examens. Toute sorte de problèmes liés à l’urgence de la fermeture à l’hiver ne seront plus là vraisemblablement à l’automne. Par conséquent, il n’y a pas de raison de répéter barème échec et succès à l’automne ou pour la session d’été actuellement en cours.


Comment réagissez-vous aux articles de journaux prédisant un décrochage scolaire universitaire important ? La Presse annonçait que selon leurs sondages, près d’un tiers des étudiants envisageaient annulés leurs cours à l’automne. Est-ce que cela a un impact sur votre organisation, gestion des cours ?


F.H. : En période de crise économique, où les étudiants ne peuvent pas travailler, on assiste historiquement à une augmentation d’inscription, car à défaut de travailler, on étudie plus. À ma connaissance, nous n’avons pas assisté à une réduction du nombre de demandes d’admission pour le baccalauréat et nous n’anticipons pas un nombre réduit d’étudiants pour la session d’automne.


Au courant des dernières semaines, nous avons observé une hausse des demandes d’actions collectives devant les tribunaux par des groupes d’étudiants cherchant à se faire rembourser une partie de leurs frais de scolarités pour la session d’hiver 2020 car « la qualité d’enseignement aurait été nettement inférieure ». Que pensez-vous de ces actions ?


F.H. : Je doute qu’elle réussisse. La décision de réduire les frais de scolarités est prise au niveau du gouvernement du Québec. Ce n’est pas une décision prise par la Faculté ou l’Université. Je ne veux pas trop m’avancer à ce sujet.

Selon vous, quel sera l’impact de la pandémie à court et moyen terme sur les opportunités d’emplois des étudiants en droit de la Faculté ?


F.H. : C’est difficile à évaluer si tôt après le début de la crise économique engendrée par la pandémie alors que plusieurs milieux de travail ne sont pas encore rouverts. Ce qui est évident toutefois, c’est que les effets de cette crise économique se feront ressentir longtemps.


Je pense que les universités ont un rôle important à jouer en période de récession pour bien former les étudiants et pour s’assurer qu’ils seront capables d’intégrer le marché du travail le plus facilement possible. Cette formation passerait peut-être par l’entremise d’un programme coopératif auquel il faudra réfléchir sérieusement pour l’avenir, le but étant d’augmenter l’apprentissage pratique des étudiants. Ce type de programme coopératif ne sera peut-être pas envisagé pour tout de suite, mais on doit commencer à y réfléchir.

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