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Retour à la volière : analyse temporelle du Pigeon Dissident

Auteur·e·s

Judith Morin

Publié le :

13 septembre 2021

Je ne vous mentirai pas, même après avoir été Directrice du contenu Web durant un an pour notre valeureux journal étudiant, je suis une vraie fanatique des journaux papier. 


J’ai toujours été émue par l’odeur du papier, l’encre qui tache les doigts, et je trouve même presque poétique de devoir lutter contre les grandes pages d’un journal qui n’a pas encore été ouvert. J’exagère peut-être, mais à peine. Je vous le jure, j’ai même conservé une copie de la dernière parution papier de La Presse. Que voulez-vous, je suis une vraie sentimentale.

J’y ai découvert avec surprise un journal extrêmement militant, avec une ligne éditoriale inébranlable. Un exécutif qui prenait position et qui faisait valoir ses opinions, en acceptant toujours toutefois de publier celle des autres.

Est-ce rationnel? Bien sûr que non. Je reconnais humblement que les arguments pour la numérisation du Pigeon Dissident l’emportent haut la main. C’est avec beaucoup de fierté - et pour être honnête, un peu de soulagement - que nous avons inauguré l’an dernier notre nouveau site Web, après plusieurs mois de travail. N’empêche, j’ai tout de même ressenti une pointe aiguë de nostalgie. Alors vous comprendrez que lorsque Jérôme et moi, fraîchement élus, nous sommes lancés dans un ménage du printemps du local, lui qui avait clairement été négligé l’an passé… et sûrement bien d’autres années avant aussi, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis plongée dans la tâche ardue de classer nos archives papier.


C’est plus d’une centaine d’éditions, datées entre 1974 et 2020, qui s’empilaient dans nos armoires, à l'abri des néons et des yeux des lecteur·rice·s. J’y ai découvert avec surprise un journal extrêmement militant, avec une ligne éditoriale inébranlable. Un exécutif qui prenait position et qui faisait valoir ses opinions, en acceptant toujours toutefois de publier celle des autres. Des débats abordés de front, sans pitié, qui n’attaquaient cependant pas des personnes, mais des idées.


On peut également reconnaître, dans les pages du Pigeon, plusieurs grands noms de journalistes, de politicien·ne·s, de juristes et même de certain·e·s membres bien connu·e·s du corps professoral facultaire. Et comme quoi certaines choses ne changent pas, il y avait toujours quelqu’un de partant pour se plaindre de la gestion des finances de l’AED!


J’y ai également déniché de vraies perles, que je lance ici en vrac:


  • Les potins facultaires étaient autrefois publiés directement dans le Pigeon. De dire que certain·e·s ne devaient pas être fier·e·s de voir leurs bévues d’initiations en première page serait un euphémisme;

  • Un sondage a autrefois été réalisé auprès des étudiant·e·s afin de classer en ordre les professeur·e·s et chargé·e·s de cours selon une échelle allant de « très bon » à « médiocre »;

  • Saviez-vous que la Faculté de droit de l’Université de Montréal a une mascotte? Elle s’appelle Roger, ça me semble être une sorte de chauve-souris et je la vois maintenant dans mes cauchemars;

  • Nos commanditaires étaient beaucoup plus diversifiées avant l’an 2000… On pouvait trouver, dans les années 90, des publicités de Molson Dry à côté de celles du Barreau du Québec;

  • Le Pigeon Dissident a déjà publié une critique du Pigeon Dissident, intitulée « Platitudes et somnifères : critique de la première édition du Pigeon Dissident ».


Bref, après en avoir feuilleté une grande partie, quitte à ralentir considérablement notre exercice d’archivage, il était clair pour moi que ce trésor ne pouvait être laissé à l’abandon dans les armoires froides (et auparavant poussiéreuses) du A-2412. C’est pourquoi je m’engage formellement à traverser l’ensemble de notre collection à la recherche de trouvailles historiques et ludiques et de compiler mes impressions et commentaires dans des chroniques, publiées au courant de l’année scolaire, qui regrouperont les éditions en fonction de leur date de parution. J’espère que ce projet vous permettra, tout comme moi, de redécouvrir le Pigeon Dissident et son héritage.


*Pour les curieux·ses qui souhaiteraient également se livrer à l’exercice, j’en profite pour vous informer que les archives papier sont toujours disponibles pour consultation à notre local, le A-2412.*


Puisque ce texte est publié dans l’Édition de la rentrée, je me permets brièvement de vous partager en bonus un petit aveu ainsi que mes impressions sur ce qui vous attend au baccalauréat en droit. Vous aurez compris que ce passage s’adresse surtout à ceux et celles qui débutent aujourd’hui leurs études en droit, mais n’empêche qu’en mon humble opinion, un court rappel est toujours pertinent :


Vous êtes des lecteurs et lectrices avisé·e·s, donc une bonne dose de réalisme ne vous fera pas de tort. Du moins, vous êtes dans un bac qui vous fessera dans’ face; aussi bien s’y habituer. Au risque de sembler pessimiste, ça ne va probablement pas être les meilleures années de votre vie, comme certain·e·s le disent. Même que je suis prête à parier que pour plusieurs, ça ne fera même pas le top 40, donc s’il vous plaît, ne vous considérez pas comme un·e intrus·e si vous réalisez à un moment donné que vous n’avez pas de fun. C’est bien correct. Prenez ça relax, impliquez-vous dans des projets qui vous passionnent réellement (ça veut dire « pas juste pour faire beau dans le CV ») et ça devrait passer plus vite.


Je vous souhaite à tous et à toutes une excellente année scolaire qui sera à la hauteur de vos attentes et j’espère avoir la chance de vous rencontrer et surtout, de vous lire dans le Pigeon!

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