Que se passe-t-il au Pérou ?
Auteur·e·s
Soundis Belhocine
Publié le :
20 janvier 2023
Lundi 9 janvier, 18 personnes sont mortes à Jualica lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Le dérapage a eu lieu à la suite d’une tentative d’un convoi de 9000 personnes d’envahir l’aéroport de Lima. Sur les corps? On aperçoit les impacts des balles tirées par les policiers, qui ont rendu désuètes les armes de fortune des protestant⋅e⋅s.
Sur les lèvres des manifestant⋅e⋅s, ce sont les mêmes protestations, les mêmes réclamations : la démission de l’actuelle présidente Dina Bouluarte, qui a récupéré le pouvoir à la suite de la destitution de Pedro Castillo.
Depuis un peu plus d’un mois, les différentes protestations qui ont frappé le pays ont fait à ce jour 39 morts. La région de Puno, proche de la frontière bolivienne, est le noyau des manifestations. Depuis le 4 janvier, la vie dans la région est à la fois figée par des grèves à durée indéterminée et secouée par la crise qui frappe le pays. Sur les lèvres des manifestant⋅e⋅s, ce sont les mêmes protestations, les mêmes réclamations : la démission de l’actuelle présidente Dina Bouluarte, qui a récupéré le pouvoir à la suite de la destitution de Pedro Castillo. Le socialiste a tenté durant son court mandat de dissoudre le Parlement, ce qui a été qualifié de coup d’État par ses opposant⋅e⋅s. Mais à ce jour, la population réclame également un nouveau Parlement et la tenue immédiate d’élections. Celles-ci, qui devaient avoir lieu en 2026, avaient été devancées au mois d’avril 2024 en raison des agitations qui déchirent le pays, mais elles sont encore trop loin pour la nation.
L’actuelle présidente est visée par une enquête depuis le 10 janvier. Dina Bouluarte ainsi que d’autres membres de son gouvernement sont soupçonné⋅e⋅s de « génocide, homicide qualifié et blessures graves » pendant les manifestations qui ont commencé en décembre 2022 dans les départements d’Apurimac, de la Libertad, de Ounon, de Junin, d’Arequipa et d’Ayacucho.
Les relations entre le Pérou et la Bolivie sont atteintes par cette crise politique et sociale. Depuis le 9 janvier, le président bolivien, Evo Morales, est interdit d’entrer sur le territoire péruvien. On lui reproche son intervention dans les affaires politiques internes du pays, notamment durant le mandat de l’ancien président fraîchement déchu, Pedro Castillo. Les politicien⋅ne⋅s de droite reprochent à la Bolivie de pousser le sud du pays, où se trouve la région de Puno, à faire sécession afin d’annexer le pays. Le président Morales a manifesté son soutien aux protestant⋅e⋅s péruvien⋅ne⋅s, et réclame tout comme eux⋅elles la démission de l’actuelle présidente.
Dina Bouluarte déclare vouloir parvenir à rassembler la nation péruvienne, ce qui semble être une tâche plus que complexe au vu des derniers évènements. Pour elle, la situation requiert un accord national quant à la façon de gouverner le pays.
AFP, « Pérou : 17 morts lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre », l’Express, Lundi 9 janvier 2023, en ligne <Pérou: 17 morts lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre - L'Express (lexpress.fr)>
AFP, « Pérou : ouverture d’une enquête pour « génocide » contre la présidente Dina Boluarte », La Croix, Mercredi 11 janvier 2023, en ligne <Pérou : ouverture d’une enquête pour « génocide » contre la présidente Dina Boluarte (la-croix.com)>
AFP, « Crise politique au pérou : des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre font au moins 17 morts », Francetvinfo, Mardi 10 janvier 2023, en ligne <Crise politique au Pérou : des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre font au moins 17 morts (francetvinfo.fr)>