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Quand punir ne suffit pas

Auteur·e·s

Sarah-Maude Rousseau

Publié le :

1 novembre 2022

Le 27 octobre dernier, j’ai eu la chance d’assister à une représentation du documentaire Quand punir ne suffit pas, un documentaire sur la justice réparatrice, suivie d’une discussion avec la réalisatrice, Pauline Voisard, ainsi qu’avec des médiateur·rice·s et des participant·e·s. Je ne trouve pas les mots pour exprimer à quel point j’ai été touchée par son contenu aussi percutant qu’émouvant, mais si je devais me forcer à en trouver, voici ce qu’ils seraient.

Le documentaire nous plonge donc au cœur de la justice réparatrice et nous rend témoins d’échanges et de récits touchants entre des contrevenant·e·s et leurs victimes, directes ou indirectes.

Quand punir ne suffit pas a pour objectif de mettre en lumière  une avenue trop souvent perdue de vue en droit criminel : la justice réparatrice. En pratique, il peut s’agir, pour le/la contrevenant·e, d’offrir une compensation à la victime ou à la collectivité, mais la justice réparatrice peut aussi se présenter sous la forme d’une médiation entre le/la contrevenant·e et la victime; c’est cette forme qui est exposée dans le documentaire. Dans ce contexte, la médiation, au lieu de se baser sur le/la contrevenant·e, prend ses assises sur le tort commis afin de réparer un lien social brisé. Ainsi, si le/la contrevenant·e et la victime souhaitent entreprendre ce processus, ils/elles auront l’opportunité, grâce à divers programmes offerts par Équijustice et le Service correctionnel du Canada, de se rencontrer afin d’échanger sous la supervision d’un·e médiateur·rice spécialisé·e.


Le documentaire nous plonge donc au cœur de la justice réparatrice et nous rend témoins d’échanges et de récits touchants entre des contrevenant·e·s et leurs victimes, directes ou indirectes. Je pense notamment à Kevin, qui était présent au moment de la représentation du 27 octobre. Ce dernier, ayant purgé une lourde peine pour le meurtre du père de Sabrina, a accepté d’entreprendre un processus de justice réparatrice avec cette dernière afin de lui expliquer les circonstances ayant mené au décès de son père. Il était très touchant d’entendre les deux individus discuter humainement et ouvertement. Je pense aussi à la jeune femme qui a eu le courage de participer, devant les caméras, à un processus de justice réparatrice avec son père qui a abusé d’elle sexuellement lors de son enfance. Cette dernière nous a d’ailleurs répété à plusieurs reprises, à la suite du visionnement, qu’elle était touchée que nous soyons présent·e·s et qu’elle nous remerciait de contribuer à la mise en lumière de cette option chez les victimes; car en effet, une intervenante nous a mentionné que beaucoup de victimes ne connaissent pas cette option, ou bien ont peur de s’y aventurer en raison de l’aspect marginal qu’on lui attribue dans la société. C’est en partie pour cette raison que Pauline Voisard a voulu réaliser le documentaire, c’est-à-dire pour que nous en parlions autour de nous et que, peu à peu, les victimes qui pourraient en bénéficier  soient mises au courant et sentent que ce processus est légitime.


Selon l’une des expertes présentes le 27 octobre, il existe une statistique selon laquelle environ 90% des délinquant·e·s qui participent à un programme de justice réparatrice ne récidivent pas à leur sortie du pénitencier. Kevin a d’ailleurs mentionné, à la suite du documentaire, que bien qu’on en parle peu, voire aucunement, il y a beaucoup d’ex-détenu·e·s qui s’intègrent aujourd’hui très bien en société et qui sont prêt·e·s à faire les efforts nécessaires pour réparer les torts qu’ils/elles ont causés. Il se dit libéré à la suite du processus de médiation avec Sabrina. Il est d’autant plus émouvant d’entendre cette dernière affirmer qu’elle est heureuse que Kevin puisse être en paix et causer du bien autour de lui.


Comme en ont témoigné les dizaines d’intervenant·e·s, avocat·e·s, policier·ère·s, médiateur·rice·s et journalistes présent·e·s le soir du 27 octobre, ce documentaire est bouleversant, touchant, mais surtout ô combien important. Je partage cet avis et vous recommande à tou·te·s de le visionner et d’en parler autour de vous, car c’est de cette manière que l’option de la justice réparatrice viendra aux oreilles des victimes qui pourraient grandement en bénéficier.


Quand punir ne suffit pas sera accessible gratuitement sur ICI Tou.tv à compter du 5 novembre, et sera diffusé le 12 novembre sur les ondes de Radio-Canada – Doc Humanité.

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