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QS et le non favoris à la Faculté

Auteur·e·s

Thomas Doré

Publié le :

30 septembre 2022

À l’approche des élections générales québécoises qui auront lieu le 3 octobre prochain, Le Pigeon dissident a sondé la communauté étudiante de la Faculté sur ses orientations politiques. Les résultats du sondage révèlent un fossé idéologique important séparant les étudiant·e·s de notre Faculté de la population québécoise dans son ensemble.


La priorité numéro un des étudiant·e·s sondé·e·s, les changements climatiques, coïncide sans surprise avec celle de QS, le parti chouchou de la Faculté. L’amélioration du système de santé et les inégalités économiques se sont aussi révélées être des enjeux prioritaires.

Une majorité de 60% des 73 étudiant·e·s au baccalauréat s’étant prêté·e·s à l’exercice comptent voter pour Québec Solidaire (QS) aux élections, démontrant une fois de plus le succès du message socialiste et environnementaliste auprès de la jeunesse montréalaise. 


En deuxième place, l’éternel Parti libéral du Québec (PLQ), loin derrière QS avec 16% des intentions de vote, suivi de près par la Coalition Avenir Québec (CAQ) avec 12%, puis par le Parti Québécois avec 3%. Les 9% comptent annuler leur vote ou voter pour un autre parti. Il faut  noter qu’aucun des étudiant·e·s sondé·e·s n’a exprimé le souhait de voter pour le Parti Conservateur du Québec.


58% des personnes sondées considèrent que le chef de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, ferait le meilleur premier ministre du Québec. Même si le PLQ semble plus populaire que la CAQ auprès des étudiant·e·s, 16% d’entre eux et elles sont d’avis que le premier ministre sortant, François Legault, ferait le meilleur premier ministre, contre seulement 14% pour Dominique Anglade, première femme noire à la tête d’un parti au Québec. 


Un·e répondant·e est plutôt d’avis que Paul St-Pierre Plamondon est l’homme de la situation, et une autre personne placerait le destin du Québec dans les mains d’Éric Duhaime, et ce, même si les résultats du sondage ne recensent aucune intention de vote pour son parti, le PCQ.


La priorité numéro un des étudiant·e·s sondé·e·s, les changements climatiques, coïncide sans surprise avec celle de QS, le parti chouchou de la Faculté. L’amélioration du système de santé et les inégalités économiques se sont aussi révélées être des enjeux prioritaires. Fait surprenant, bien que très peu de répondant·e·s aient placé l’indépendance du Québec en premier ou même en deuxième choix en réponse à cette question, la souveraineté du Québec est de loin le troisième choix le plus populaire, une statistique assez représentative de la place au mieux tertiaire de la question référendaire dans les débats.


Sur la question de la souveraineté, il semblerait que si un référendum sur l’avenir du Québec avait lieu aujourd’hui, le camp du non l’emporterait encore, du moins dans la Faculté. En effet, 49% des répondant·es ont indiqué qu’ils ou elles voteraient ou auraient tendance à voter non, alors que 32% pencheraient pour le oui. Toutefois, en répartissant les 19% d’indécis·e·s, on arrive à 60% de non, un résultat similaire au référendum de 1980 sur la souveraineté-association entrepris par René Lévesque, légende souverainiste dont on célèbre le centenaire.


Somme toute, d’aucuns s’entendront pour dire que peu importe ses opinions politiques, l’important, c’est d’aller voter. Eh bien, à ce sujet, il y a lieu de se réjouir: 97% des répondant·e·s ont indiqué leur intention d’aller voter, de quoi espérer que la tendance à la baisse du taux de participation observée par Élections Québec depuis maintenant belle lurette se renverse cette année. Aux élections de 2018, ce sont seulement 66,45% des électeur.rice·s inscrit·e·s qui ont effectivement voté, contre 74,60% en 2012 et 71,44% en 2014. 


Aux dernières élections, 37,42% des électeur·ice·s avaient voté pour la CAQ de François Legault. Les derniers sondages indiquent, quatre ans plus tard, des intentions de vote similaires en faveur de la CAQ, et ce, malgré la parenthèse pandémique. Les étudiant·e·s de la Faculté seraient donc plus de trois fois moins susceptibles de voter pour la Coalition Avenir Québec que la population québécoise dans son ensemble.


La domination de la CAQ frappe encore davantage quand on s’attarde aux prédictions de composition de l’Assemblée nationale au lendemain de l'élection. Le site Qc125 prédit plus ou moins 96 sièges pour le parti de François Legault, sur une possibilité de 125, ce qui est suffisant  pour remettre en question la légitimité démocratique d’une telle surreprésentation, rendue possible par le scrutin uninominal majoritaire à un tour. Une réforme du mode de scrutin avait par ailleurs été promise par la CAQ aux dernières élections, pour ensuite être abandonnée, comme l’a fait Justin Trudeau au fédéral en 2017.


François Legault peut-il néanmoins s’asseoir sur ses lauriers? Certes, Qc125 estime à plus de 99% les chances de gagner de la CAQ. Mais, comme nous l’ont appris les élections présidentielles américaines de 2016 et, dans une certaine mesure, celles de 2020, les sondages et les prédictions statistiques ne fournissent aucune garantie. 


Certains sages rappellent même l’élection provinciale ontarienne de 1990, quand le premier ministre libéral David Peterson, alors confortablement en avance dans les sondages, s’était fait démolir par le NDP de Bob Rae, qui avait su obtenir une majorité à Queen’s Park à la surprise de tout le pays.


En conclusion, la quête d’identité du Parti libéral du Québec et du Parti Québécois, le succès localisé de Québec Solidaire et le gain en popularité de François Legault durant la pandémie, qui incarne désormais l’ordre et la stabilité aux yeux de nombreux électeur·ice·s, permettra sans doute à la CAQ de s’offrir une imposante majorité à l’Assemblée nationale en ce second mandat. 


Toutefois, rien  ne pourra surpasser le Parti libéral de Robert Bourassa et sa majorité record de 102 sièges sur 110 aux élections de 1973. Force est de constater que ce n’est pas demain la veille que la CAQ pourra espérer détrôner Bourassa. La CAQ devra ultimement choisir entre conserver ses politiques identitaires et du même coup ses appuis dans les couronnes et les régions, et ravir les circonscriptions anglophones et multiethniques de la métropole des mains des Libéraux. Le beurre ou l’argent du beurre, quoi.


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