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Les réseaux sociaux : mariage de la désinformation et des conspirations

Auteur·e·s

Ariane Goupil

Publié le :

24 janvier 2021

La montée en force de la vague des nouveaux médias, nouvelle concurrence aux médias traditionnels tels que la télévision et les journaux, semble plutôt avoir pris des allures de tsunami dans les dernières années. Tous et toutes y sont branché.e.s proportionnellement à leur génération. Le « chialage » suit également cette même tendance. De plus en plus de générations se retrouvent sur le Web, échangent entre elles et entrent ainsi en conflit.


« Les réseaux sociaux altèrent ton point de vue ». Combien de fois avez-vous entendu cet énoncé ? Aussi fatigant qu’il puisse être, il n’est pas totalement faux. Il est vrai que les grandes compagnies analysent ce que nous visionnons, aimons, commentons, partageons, etc. Personne n’est surpris de savoir cela. Tout le monde reçoit bizarrement des annonces d’un certain morceau de vêtement après l’avoir cherché sur quelques sites préalablement. Cependant, ce qui est faux, c’est la prémisse selon laquelle les plus jeunes générations sont les plus vulnérables face à la terrible machine qu’est la technologie.


Depuis bien longtemps, tout événement marquant déclenche la montée de théories et de spéculations quant à l’origine dudit événement. Par exemple, le 11 septembre 2001 est venu avec son lot de questionnements : était-ce une manigance du gouvernement pour finalement avoir une raison de déclarer la guerre ? Je tourne autour du pot depuis tantôt, mais je crois que vous avez compris de quoi je parle : les conspirationnistes. Je ne sais pas pour vous, mais ce mot semble entouré d’un certain tabou en ce qui concerne son utilisation. Le titre vexe certaines personnes et il est perçu comme étant extrémiste. Pourtant, cette réputation est toute récente. Je suis moi-même fanatique de « conspiracy theories » pour me changer les idées. La seule différence, c’est que cela reste un simple divertissement qui ne crée aucune stigmatisation de la part de mes proches envers moi. Je ne suis pas étiquetée comme celle qui doute de tout ce qui l’entoure. Pendant de nombreuses années, les conspirationnistes ont remâché les mêmes hypothèses jusqu’à ce que la COVID leur soit offerte sur un plateau en or.

Il suffit d’une recherche rapide sur Google pour remarquer que rien de tout ça n’est vrai.

La pertinence des réseaux sociaux s’éclaircit à travers le nouveau rôle qu’ils ont joué depuis le début de cette pandémie, c’est-à-dire qu’ils sont devenus une plateforme d’échange pour tous types de personnes, y compris les conspirationnistes. Les fausses informations circulent à une vitesse incroyable entre ces derniers. Ceci les emprisonne dans les engrenages de Facebook et arrête ainsi tout développement critique supplémentaire. Ils gobent ce qu’ils trouvent sans même se questionner sur la véracité et la crédibilité des propos. Pour être bien franche, un membre de ma famille (nommons-le X) fait partie de ce genre de groupes et j’ai ainsi facilement accès (parfois contre mon gré) à certaines de leurs allégations. Je vous présente mon top 3.


1) « Plusieurs pays ont réussi à prouver que la COVID est une fraude sanitaire. »


En effet, selon ma « source fiable », tirant elle-même ses sources de sites douteux à mon avis, de nombreux pays sont en train de former des poursuites et ont réussi à prouver l’arnaque. Voici où le jugement devrait entrer en compte et où les questions devraient être posées. Quels sont ces pays ? Qui poursuivent-ils ? Comment ont-ils prouvé cela ? Je n’ai jamais réussi à avoir une réponse le moindrement satisfaisante : c’est comme si je posais mes questions à un mur de briques. Je mets principalement le blâme sur le manque de recherches.  En effet, X semble seulement lire les grands titres sans vouloir en savoir plus, ce qui est franchement désolant.


2) « Le gouvernement contrôle le virus. »


Un grand classique ! Astuce pour gérer la population vieillissante, pour nous contrôler, pour se faire de l’argent avec les masques obligatoires ou pour nous injecter des trucs immoraux dans le corps en déguisant cela en vaccin… Après avoir roulé des yeux, j’enchaîne toujours avec la fameuse question : pourquoi le gouvernement ferait-il ça ? Il ne souhaite pas surcharger ses hôpitaux ou se faire de l’argent avec les masques (s’il le souhaitait, il aurait le monopole sur la vente des masques). Encore une fois, lorsqu’ils sont la proie d’une attaque, les conspirationnistes ne font que vous répondre que c’est parce qu’on vous a lavé le cerveau. Le manque d’arguments tue le débat dans l’œuf.


3) « Donald Trump est le sauveur. »


Cet énoncé ne vient pas tel quel dans les conversations, mais reste un pilier de la cause conspirationniste. Donald Trump est un grand sceptique ; climato-sceptique, « COVID-sceptique », etc. Il représente le visage du mouvement, et devinez comment il passe son message ? Eh oui, sur les réseaux sociaux.


La désinformation véhiculée par les réseaux sociaux ?


Vous savez probablement que de nombreux journaux sont sur les réseaux sociaux. C’est un bon signe, non ? Les conspirationnistes ne pourraient-ils pas vérifier leurs informations grâce à eux ? Malheureusement, à cause de l’algorithme de Facebook, notamment, nous ne voyons que ce qui nous intéresse. Les conspirationnistes ne croient pas au gouvernement et à leurs « plateformes d’informations contrôlées », ce qui fait en sorte qu’ils évitent les sources fiables et préfèrent se tourner vers des médias indépendants. Ça ne prend pas un DEC en sciences humaines pour réaliser que ces plateformes donnent de fausses informations. Il suffit d’une recherche rapide sur Google pour remarquer que rien de tout ça n’est vrai. Il y a environ 3 semaines, X m’a textée à la suite de la bombe de Nashville. Le problème ? Je vous laisse lire son texto pour le découvrir : « Salut, as-tu vu les nombreuses attaques ? Bombe à Nashville faisant plusieurs morts, bombe à Calgary, bombe à New York et la Bande de Gaza est sous attaque ». J’étais incrédule en finissant de lire son texto et aussi un peu paniquée. Je me suis vite rendue sur des sites fiables tels que La Presse et TVA Nouvelles pour ne rien trouver. Quand je lui ai demandé d’où il tenait ces informations, il m’a répondu qu’elles provenaient d’un média indépendant nommé Nana L’Information Autrement. Cette fameuse « Nana », journaliste indépendante depuis 25 ans et ayant supposément couvert la Bande de Gaza, aurait fait un live sur Facebook en compagnie d’une journaliste invitée nommée Lady Dragon. Je me sentais comme dans un jeu vidéo avec de tels noms. Nana fait des capsules, confortablement installée dans sa chambre, tandis que Lady Dragon demeure introuvable sur le Web.  Mon niveau de panique a descendu immédiatement, mais je restais étonnée du fait qu’il croyait encore à la détonation de plusieurs bombes sans que rien ne sorte d’un autre endroit que de la bouche de Nana.


Sans attaquer la réputation de toute personne mentionnée dans ce texte, je tente juste d’exprimer que les conspirationnistes sont pris dans un réseau d’échange de fausses nouvelles. De plus, de nombreuses personnes ne font que parler plus fort que les autres et exprimer leur opinion, ou des mensonges, tandis que leurs auditeurs prennent le tout pour des faits. Ils ne voient qu’un côté de la médaille, refusant totalement d’examiner le verso, sous prétexte que l’autre côté est « tellement corrompu ».


De notre côté, nous les stigmatisons en gardant ce sujet presque tabou. Je peux comprendre, puisqu’il est extrêmement frustrant de tenter de parler raisonnablement avec un conspirationniste. Il est dommage que, des deux côtés, comprendre le point de vue de l’autre semble inaccessible. Je blâme majoritairement, pour cela, les réseaux sociaux qui nous font rester dans notre bulle remplie de gens partageant notre opinion. Pour remédier à la situation, il suffit de faire ses recherches sur les sujets nous intéressant et ainsi, de lire autant sur notre point de vue que sur celui des autres, pour être sûrs de voir l’ensemble de l’œuvre et non juste un de ses recoins.

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