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Les petites manies quotidiennes à la Baudelaire (et autres rituels automnaux pour survivre à son bac)

Auteur·e·s

Mennoya Nicounen

Publié le :

31 octobre 2023

Je dois commencer par vous avouer, chèr.e.s lecteur.ice.s, que j’aime beaucoup les changements de saison, surtout lors des équinoxes. À mes yeux, ils sont un synonyme de renaissance, de transformation et d’opportunité de se défaire pour mieux se reconstruire: une beauté éphémère au travers des jours plus gris qui méritent, eux aussi, d’être célébrés. C’est pourquoi, jusqu’à tout récemment, je vivais dans un paradoxe des plus complets et — je crois personnellement — des plus communs. Voyez-vous, j’ai toujours eu la petite manie d’avoir une grande gueule bien dogmatique, de ne jamais revêtir d’une once de gris mes convictions. Ressentir cette envie de chuchoter, parler, crier, hurler, m'époumoner sur les places publiques afin d’enfin être entendue — non, écoutée — par n’importe qui, n’importe comment, tout en désirant sincèrement ne jamais être perçue. Mon existence idéale aurait été celle d’une brise, car j’aurais pu porter mes mots à autrui, sans nécessairement m’engager à les incarner dans le sens le plus strict du terme, puisque j’ai aussi la petite manie de vouloir créer désespérément des liens profonds avec toustes les humain.e.s autour de moi. Corrigez-moi, si vous le voulez bien, mais ne serait-ce pas là l’une de nos caractéristiques communes à vous et moi: cette envie primitive de nouer notre existence avec celle des autres?

Puis, MON DIEU, que ça fait du bien!

J’ai envie, avec cette petite rubrique ludique, d’exploiter cette partie si élémentaire de l’expérience humaine. Mon but, avec cet article précis, est de vous inspirer à faire comme mon bon ami Baudelaire et moi ; je veux que vous puissiez trouver le sublime en abondance dans le plus ignoble, prosaïque et banal. Peut-être me répondrez-vous que vous le faites déjà via du journaling avec votre latte au thé matcha le matin, le tout accompagné de publications Instagram qui respirent la positivité (quasi)toxique, ou peu importe la variation à laquelle vous adhérez.


Ce que je vous invite à faire comme exercice est beaucoup plus rudimentaire.


Comme vous aurez probablement la chance de le constater, chèr.e.s lecteur.ice.s, j’ai également  la petite manie de traiter tous mes inconvénients — aussi petits soient-ils — comme si c'était la fin du monde tel que nous le connaissons. J’ai cette petite manie de toujours me plaindre en faisant des commentaires sarcastiques et poignants. Je suis, depuis ma tendre enfance, éternellement condamnée à chigner, à soupirer comme doit le faire Sisyphe avant de faire rouler sa pierre à nouveau…


Puis, MON DIEU, que ça fait du bien!


Franchement, il n’y a rien de plus revitalisant que d’exprimer sa frustration, qu’elle soit minime, intense, éphémère ou persistante. Encore mieux lorsque nos ami.e.s le font avec nous, comme les mien.ne.s le font avec moi, et que le partage devient tout à fait authentique entre humain.e.s. Ça, c’est la beauté qui réside dans ce « plus laid » dont je vous ai fait part plus haut. Comme les jeunes disent sur TikTok, « I love the way it feels to be a hater ».


J’imagine que le message sous-jacent à mon propos est que, finalement, la doyenne France Houle avait complètement raison lorsqu’elle a proposé aux étudiant.e.s de première année de « prendre le temps de tomber en amour » pendant notre bac. Que vous soyez en première, deuxième ou dernière année, à la maîtrise ou au doctorat: je vous implore, mes chèr.e.s lecteur.ice.s, de prendre le temps de vous éprendre de tout ce qui est magnifique et qui se cache partout!


Je vous souhaite de trouver du réconfort dans le silence — ou bien le ronronnement et les grincements — des nuits blanches passées à lire et étudier (parce qu’on sait toustes que les huit heures de sommeil ont probablement déjà pris le bord dès la deuxième semaine). Je vous souhaite aussi d’apprécier les rayons de soleil des après-midis automnaux qui vous caressent le visage lorsque vous marchez du quatrième palier de Jean-Brillant jusqu’au troisième étage de Claire-McNicoll. J’espère que vos larmes, salées et lourdes comme si le monde entier s’écroulait sur vos épaules, seront ponctuées de sourires et de sanglots à mi-chemin, suivi d’un fou rire sincère qui vient du plus profond de votre être. J’espère que la marche jusqu’au métro dans ces trois pieds de neige en plein mois de novembre vous donnera envie de faire des anges dans les simili-bancs de neige (ok, oui, la slush grise et brunâtre sera dégueulasse deux heures après, mais qui en tient vraiment compte?). Je vous souhaite de vous énamourer, chèr.e.s lecteur.ice.s, de la vue que nous avons sur l’Oratoire et le Mont Royal qui sera recouvert d’arbres aux couleurs vibrantes de flammes fougueuses, d’affectionner les grandes tasses à café réutilisables de la cafétéria. J’espère que vous serez complètement enivré.e.s de ce sentiment de familiarité qui vous prend dans les tripes lorsque vous apercevez votre chez-vous en marchant sur le trottoir après une longue journée. Je veux que vous appreniez à adorer tous ces paradoxes qui vous habitent — en fait, que vous tombiez éperdument amoureux.se.s de tout ce qu’il y a de plus incroyable, ordinaire, magnifique et horripilant à la fois. Je vous invite, moi aussi, à vous enticher de la vie d’étudiant.e en droit, de notre belle université, du quartier, de votre quotidien et peut-être aussi de ma petite rubrique ludique.


À la prochaine, chèr.e.s lecteur.ice.s, et profitez bien de ces dernières journées de l’année où la température est idéale. Si vous voulez partager (ou non) vos observations que mon ami Baudelaire et moi avons éveillées en vous, écrivez-moi sur Instagram. Il me fera un plaisir d’oublier de vous répondre par accident.


Avec (beaucoup) d’amour et (un peu) d’agacement perpétuel,

Mennoya Nicounen

Instagram: @mennoya_nicounen

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