top of page
Portrait%20sans%20photo_edited.jpg

Les maux bleus : commentaires sur « Vampire humaniste cherche suicidaire consentant »

Auteur·e·s

Marwa Sebbar

Publié le :

14 février 2024

Mardi 16 janvier. Ciné-Campus. 18h53. Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.


Le film débute. En premier plan, un anniversaire. On aperçoit Sacha, déjà un peu pâle, entourée de sa famille. Elle reçoit, en guise de cadeau, la visite d’un clown. Sa présence ne fait pas rire la jeune fille, au contraire. Ses parents ont plutôt engagé le sympathique pour permettre à Sasha d’utiliser ses dents pour la première fois. Ses dents de vampire. S’ensuit une séquence de traumas déchirants : une enfant témoin de meurtres, complètement dévalorisée et au dépourvu, car elle est incapable de satisfaire les exigences de ses parents et de sa famille. Le terme post-traumatique est nommé. Des maux à n’en plus finir. Sacha doit avoir 8 ans environ. Le portrait d’une famille qui se déchire et des parents en désaccord. De petits maux, me dit mon amie, devenus ordinaires.

Mais les maux peuvent être plus doux : parlons-en, encore et toujours.

Le film dépeint l’inconfort, le mal-être, la découverte, mais surtout, la peur. Le film parle de sang (Sasha est un vampire, après tout), mais aussi de sang d’encre, d’inquiétude, de crainte, d’amitié, d’amour, de communication. Formant une trame complexe, ces éléments se complètent et constituent l’essence même du film. Ce sont des maux de vie, des maux de l’existence même de cette jeune fille. De « people pleasing », d’individualisme, de fermeture. La liste est longue. Nous sommes beaucoup d’humain.e.s.

J’ai regardé le film en pensant à vous. J’ai même pris un Kombucha avant, pour être concentrée et réveillée. Après maintes réflexions, je vais vous faire part de ce que j’en pense. Et ça, c’est déjà un bon début.


Sacha est un vampire qui ne veut tuer personne. Son cortex préfrontal s’active à la vue d’un décès, pas son hypothalamus. Autrement dit, elle est empathique avec ceux qui doivent la faire survivre. Sasha fait aussi la rencontre de Paul, un adolescent vivant avec des pensées suicidaires qui se fait harceler à l’école. Vampire humaniste cherche suicidaire consentant. Vampire calme et introvertie cherche suicidaire calme et introverti. Vampire cherche suicidaire. Chercher. Ch … Non, ça suffit, hihi.


Le film tourne autour de Sacha qui doit manger et tuer pour la même raison : rester en vie. Et Paul, qui ne veut plus vivre. Je ne vous apprends rien de plus que le titre. Mais j’ai une information importante : vous allez rire. Rire un peu du suicide, un peu de la mort, un peu de l’amour, et c’est marrant de rire. Je pense que c’est marrant de rire, et que ce film fait rire.


Je me suis surprise à rire de choses qui ne sont pas drôles. Je n’étais pas surprise quand Paul est rentré écrire un mot à Sandrine. En revanche, j’étais surprise quand Sacha et Paul ont dansé sur Emotions, de Brenda Lee.


Puis, les maux – un thème récurrent – ils sont partout. Les maux : le mal et la douleur. Souvent adoucis, souvent enrobés. À quel point on vit avec, car tout est beau, le bien et le mal. Surtout, car la souffrance est inévitable elle aussi.. Tout doit devenir beau en fait. Alors même les maux, et les douleurs qui les accompagnent, peuvent s’inscrire dans la beauté de la vie.


Temps x distance = paix, Marwa bébé physicienne.


Vampire humaniste cherche suicidaire consentant illustre ces maux, parce qu’on parle des maux tout le temps. Nous en avons tous, difficile de s’en défaire…


Mais les maux peuvent être plus doux : parlons-en, encore et toujours. Basculons dans le réel de ce qui nous hante, c’est parfois plus petit que toute la place que cela prend dans nos vies.


Ah, que la vie est belle
Soudain, elle éblouit
Comme un battement d'ailes
D'oiseau de paradis

Ah, que la vie est belle
Quelquefois pour un rien
La divine immortelle
Dans le mal et le bien

(Originellement de Brigitte Fontaine) Zaho de Sagazan

bottom of page