Le peuple palestinien

Ce sont des pères comme le Dr Abu Moussa, qui a dû reconnaître son fils Youssef, 7 ans, à la morgue durant son quart de travail à l’hôpital de Gaza et qui est resté fort pour le reste de sa famille, malgré la tragédie (2);

Ce sont des femmes enceintes comme Niveen Al-Barbari, 33 ans, habitante de Khan Younès, ville au sud de la bande de Gaza, qui sont terrifiées à l’idée de donner naissance entre deux bombes. Niveen devait régulièrement consulter un gynécologue avant le 7 octobre 2023, à cause de son diabète de grossesse et de ses problèmes de tension. Elle n’a plus accès à ces services, car « les bombardements sont incessants. Aucun humain, arbre ou pierre n’a été épargné » (3). Environ 50 000 femmes sont actuellement enceintes à Gaza, parmi elles, 5 500 s'apprêtent à accoucher dans le mois à venir, dont Niveen;

Ce sont des personnes comme ce veuf assit au milieu des décombres – désormais sa maison – qui donne des objets ayant appartenu à sa fille. « Quoi faire avec, dit-il, elle est partie, je n’ai plus de femme, plus d’enfants et plus de maison. Où est-ce que je pourrais les mettre, sinon? » (4)

Ce sont des enfants comme Haya, fillette de 13 ans qui a écrit son testament. Il se lit comme suit :

« Salut, je suis Haya et je vais écrire mon testament maintenant.

Mon argent : 45 shekels pour Maman, 5 pour ma sœur Zaina, 5 pour mon frère Hashim, 5 pour ma grand-mère, 5 pour ma tante Hiba, 5 pour ma tante Mariam et 5 pour mon oncle Aboud et 5 pour ma tata Sara.

Mes jouets pour ma sœur Zaina, mes amis Dina, Mina et Amal.

Mes vêtements à mon cousin et s’il reste autre chose, donnez-les.

Mes chaussures : donnez-les aux pauvres et à ceux qui en ont besoin, après les avoir lavés, bien sûr.

Mes accessoires : pour mes cousins et Sara, Hiba ma cousine. »

Ce sont des journalistes comme Plestia Alaqad qui risque sa vie pour montrer au monde ce que son peuple vit quotidiennement, malgré l’instabilité du réseau internet : « Je marche doucement parce qu’à tout moment je risque de marcher sur une bombe qui n’a pas encore explosé. » (5)

Ce sont des personnes qui témoignent comme le fait Reem Abu Jaber, directrice de l’association NAWA pour les jeunes et la culture, le 25 octobre 2023 :

« Avant midi, nous avons trouvé le corps d’un autre enfant dans le jardin de la maison de ma sœur. Il avait peut-être 12 ans. Pour la première fois de ma vie, j’ai vu qu’il était difficile de reconnaître un cadavre dans les décombres. […]

J’ai aidé à nettoyer le jardin avec Moath et j’ai ramassé quelques objets de la famille Sabbah : des vêtements, des documents du certificat de tawjihi [équivalent du Baccalauréat en Palestine et en Jordanie], des papiers d’examen, des pièces de voiture, des sous-vêtements de filles. L’objet le plus touchant était un petit sac d’école et une note écrite par une enfant. Son nom était écrit dans le cahier : Rollan Naim Mussalam. […]

Nuit difficile! Israël devient de plus en plus fou. De nouvelles armes sont utilisées cette nuit, nous le savons, car nous connaissons le bruit des bombardements par avion et celui des chars […] Je pense que nos maisons ne supporteront pas ce bombardement et qu’elles s'écrouleront d’elles-mêmes. » (6)

C’est Hala Abu Saada, 13 ans, qui a été tuée à Gaza. Sa maison a été bombardée. Faisant partie de la Fondation Tamer Family de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés de Gaza, elle apprenait le langage des signes pour travailler auprès des enfants sourds et muets. Avant sa mort, elle avait déjà traduit deux chansons (7);

Ce sont des femmes qui se voient obligées d’ingérer des produits chimiques pour bloquer leurs menstruations étant donné le manque de ressources hygiéniques, dont l’accès à l’eau pour se nettoyer (8);

C’est ce petit garçon qui, le 23 octobre 2023, est resté assis à côté de sa mère ensanglantée qui recevait des soins à l’hôpital d’Al-Shifa, suite à des bombardements israéliens (9);

Ce sont plus de 9000 morts depuis le 7 octobre 2023, mais aussi les défunts assassinés que l’on retrouvait quotidiennement bien avant cette date (10). Femmes, enfants, malades, personnes âgées, aucune distinction n’est faite : seule exception à la discrimination chronique dont souffre ce peuple colonisé. Les cimetières et les morgues étant pleins à craquer, les corps de ces personnes sont entassés dans des camions de crème glacée revisités et dont le sang des martyrs ternit leurs couleurs vives (11);

Ce sont des êtres humains qui méritent de ne pas craindre que leurs toits ne s’effondrent sur leurs têtes à tout moment; de pleurer leurs morts en se demandant qui sera le prochain ;

Ce sont des êtres humains qui ne méritent pas que le monde leur tourne le dos alors qu’un génocide se déroule sous les yeux de tous;

Ce sont des êtres humains dont la vie est une guerre continuelle et qui ne cherchent qu’à vivre en paix sur la terre de leurs ancêtres;

C’est un peuple uni qu’on colonise, qu’on éjecte de chez lui, mais qui ne cesse de se battre pour sa terre natale;

C’est un peuple qui reste debout. Bassem Youssef l’a dit : « ces Palestiniens, ils sont difficiles à tuer. »

Enfin, les Palestiniens, ce sont des êtres humains que l’Humanité ne doit pas oublier. Des familles entières ont été rayées de ce monde en moins d’un mois, mais gardons-les dans nos pensées.

Agissons à notre échelle. Boycottons les complices de ce crime contre l’Humanité et relayons l’information, car chaque geste compte.

Ne laissons pas tomber la Palestine.