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Le mimimalisme, un plus?

Auteur·e·s

Olivia Hourani

Publié le :

10 février 2021

Voilà maintenant plus d’un mois que nous entamons la nouvelle année et les misères de la pandémie continuent de peser sur l’humanité. Être confiné.e entre les quatre murs de notre maison ou appartement nous amène à porter un regard critique sur nos garde-robes encombrés, nos armoires de cuisine saturées et nos tiroirs remplis d’objets « au cas où ». Ainsi, nous entreprenons des projets de réorganisation en espérant créer de l’espace pour que tous les membres de la famille puissent cohabiter en télétravail. De cette manière, ton copain (ou ta copine) échappera à l’ennui de suivre, malgré lui, ton cours d’interprétation du droit, et Maman sera à l’abri du cours de trombone de son ado durant une réunion importante avec le ou la PDG.


L’initiative de se débarrasser du superflu coïncide aussi avec une certaine tendance popularisée par de nombreux documentaires et livres. Plusieurs influenceur.euse.s, psychologues, auteur.trice.s et organisateur.trice.s professionnel.le.s, notamment Marie Kondo, autrice du manuel The Life-Changing Magic of Tidying Up, ainsi que Ryan Nicodemus et  Joshua Fields Millburn, créateurs de  The Minimalists : Less Is Now,  ne jurent que par le minimalisme.


Ce style de vie centralisé sur la recherche de simplicité dans son quotidien encourage ses adeptes à purger les éléments non essentiels de leur vie. Il vise à se désencombrer de choses matérielles, oui, mais également d’activités ou de personnes qui ne contribuent pas à son bonheur, cédant ainsi la place, au sens propre comme au sens figuré, à des choses qui peuvent, quant à elles, réellement nous combler.


Cela est plus facile à dire qu’à faire, surtout dans l’ère d’Amazon et du Black Friday, c’est-à-dire dans un monde où la surconsommation est omniprésente. Lorsqu’en un seul clic, vous pouvez accéder à tout ce qui est imaginable, par exemple vous faire livrer directement à votre porte en 24h, comment, et surtout pourquoi, vouloir se déprogrammer? Pourquoi revenir à la base?

Lorsqu’en un seul clic, vous pouvez accéder à tout ce qui est imaginable, par exemple vous faire livrer directement à votre porte en 24h, comment, et surtout pourquoi, vouloir se déprogrammer? Pourquoi revenir à la base?

Minimalisme égale bonheur?


Il ne faut pas confondre la simplicité avec la facilité. Mener une vie simple demande beaucoup d’efforts physiques, mais surtout mentaux, résultant de cette gymnastique de réflexion intellectuelle qui peut nous faire passer des heures à se demander « ce col roulé noir beaucoup trop cher que j’ai acheté sur un coup de tête m’amène-t-il de la joie? » Ainsi, on nous promet qu’examiner notre vie sous la loupe et nous remettre en question quant à ce qui nous rend réellement heureux.se nous comblera.


Dans un Ted Talk, Robert Waldinger, psychiatre et directeur d’une étude à Harvard sur le développement de l’adulte, explique que lorsqu’un groupe de milléniaux est sondé au sujet de son but ultime dans la vie, 80% d’entre eux répondent « être riche » (1). Il y a toutefois une vérité derrière cette constante angoisse de la course à un pseudo-bonheur qui consiste simplement à gagner de l'argent et à le dépenser. Patrick Rhone, auteur de Enough, explique que bien que nous pensions que l’argent nous apporte une certaine sécurité, nous pouvons difficilement contrôler le fait d’en gagner plus, alors que nous pouvons contrôler le fait d’en dépenser moins.


En réalité, le minimalisme consiste en une réévaluation de ses priorités afin d’éliminer les possessions, les relations et les activités qui n’apportent pas de valeur ajoutée à sa vie. Le minimalisme crée-t-il le bonheur, et augmente-t-il la qualité de vie? Il serait naïf de sauter aussi vite aux conclusions, car le bonheur est subjectif. Il serait prétentieux d’élaborer une recette magique pour quelque chose d’aussi vaste et abstrait que le bonheur. Nous ne pouvons affirmer que le minimalisme est garant d’un bonheur certain, mais il s’agit d’un outil permettant de s’y rapprocher un peu plus. Cela permet de faire le vide de tout excès et de laisser la place à une nouvelle liberté, à la fois psychologique et financière, afin de profiter pleinement de nouvelles expériences et des personnes avec qui les partager. Ce sont ces expériences et ces relations sociales qui contribuent réellement à notre bonheur (2).


Les experts insistent qu’il n’a jamais été question de cesser toute consommation, mais plutôt de cesser la consommation compulsive. Il ne s’agit pas de consommer moins, mais de consommer mieux, par exemple en optant pour un vêtement dans une boutique locale telle Billie Boutique plutôt que de faire une commande massive chez Zara. Joshua Fields Millburn, fondateur de The Minimalists, résume la plus grande leçon que lui amène son nouveau style de vie :


« Tout ce que je possède ajoute une réelle valeur à ma vie. Chacun de mes biens - ma vaisselle, mes meubles, mes vêtements, ma voiture - a une fonction. En tant que minimaliste, chaque possession remplit un but ou me donne de la joie. Avec trois décennies de biens que je laisse derrière moi chaque jour, je peux dire en toute confiance que je ne suis plus possédé par mes possessions. »


Il faut aussi garder en tête que cette tendance n’est pas nécessairement accessible à tous. Bien évidemment, seuls ceux et celles qui ont les moyens d’avoir beaucoup trop de choses feront face à une problématique de surconsommation. Puis, le fait de pouvoir se départir de biens simplement parce qu’ils ne nous « amènent pas joie » demeure un luxe.


Bref, que ce soit par ennui, par réelle conviction ou par pure envie de rejoindre la vague avec la tendance du moment, ce lien entre le bonheur personnel et ce style de vie minimaliste inspire plusieurs à retrouver un équilibre harmonieux, car en possédant moins de choses, nous pouvons jouir d’une meilleure utilisation de ce que nous avons. Mais pour ceux et celles qui sont comme moi, c’est-à-dire des accros du shopping qui peuvent facilement tomber sous le charme d’une nouvelle paire de chaussures, il vaut mieux se préparer à cette idée tout de suite. Une transition vers une société où nous allons apprendre à vivre avec moins est inévitable parce qu’on ne peut pas continuer à consommer plus que ce que la planète peut produire chaque année. Il n’est donc pas question de savoir si on va changer, mais comment. Soit par choix, soit par contrainte.

  1. Robert WALDINGER, « What makes a good life? Lessons from the longest study on happiness », dans « TedxBeaconStreet », TED Talk, novembre 2015, [En ligne], <https://www.ted.com/talks/robert_waldinger_what_makes_a_good_life_lessons_from_the_longest_study_on_happiness?language=en#t-5065> (version anglaise) (page consultee le 24 janvier 2021).

  2. Lee HUGHES, « Minimalism & Happiness Through Scientific Eyes », The Minimalists, date n.d., [En ligne], <https://www.theminimalists.com/scientific/> (page consultée le 24 janvier 2021).

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