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Le « Oui », ou la nouvelle peste (et autres astuces pour être vraiment « l’fun » dans les partys)

Auteur·e·s

Mennoya Nicounen

Publié le :

30 novembre 2023

Là, chèr.e.s lecteur.ice.s, il faut qu’on mette quelque chose au clair. Le « Oui », avec une belle grosse majuscule, c’est NON! Pour celleux d’entre vous qui avez pris le temps de lire au-delà de ma thèse, merci. Mais comme vous aurez pu remarquer, le Pigeon ne publie pas d’articles incendiaires — enfin, pas incendiaires en ce sens. La rubrique de cette édition-ci ne portera pas sur la souveraineté de notre belle province, parce que: a) c’est salement trop prévisible, b) je voulais vraiment juste faire l’équivalent d’un « rage bait » en édition papier (c’est très drôle, pardonnez-moi cette folie), c) je n’ai rien d’intelligent ou de pertinent à partager dans cette conversation — je laisserai donc le plaisir à mes collègues, professeur.e.s et expert.e.s d’aborder ce sujet, ma foi, assez explosif.

Le « Oui » qui nous unit est le « Oui » le plus fort qui soit.

Après les manies à la Baudelaire, place au « Oui » des Colocs. Une réponse positive à une affirmation, une proposition, ou même un simple dilemme de la vie quotidienne (vous voulez vraiment du lait de soja à la place du lait d’amande dans votre café?). Bref, mes chèr.e.s lecteur.ice.s, ce grand « Oui » dont je vous parle, c’est un vrai oui. Un qui acquiesce, qui consent, qui contraint, qui engage; le genre de « Oui » qui a le pouvoir de changer le monde s’il est utilisé dans son intention la plus pure. Restez avec moi le temps de cette réflexion et tout ira bien.


Même si je dois vous dérober la délectable euphorie qu’apporte la crucifixion d’une potentielle polémiste sur la place publique, je crois que vous trouverez malgré tout le véritable sujet de cet article intéressant, puisqu’il vous concerne toustes. Simplement, un « oui! » enthousiaste et pourtant incertain n'équivaut jamais à celui qu’on énonce avec toute la conviction du monde et un ton aussi monotone que les teintes de beige des couloirs du pavillon Maximilien-Caron. Il s’agit d’un « Oui » duquel on ne peut se départir. Je vous jure que, d’ici la fin du texte, le titre aura plus de sens. Jusqu’ici, tout va bien.

Sans grande surprise, les discours sur les réseaux sociaux des dernières semaines ont été, pour la plupart, extrêmement polarisés, pour ne pas dire polarisants. Mon follower count personnel a chuté de quelques dizaines de personnes, quoique mon following a aussi drastiquement diminué story après story. Je n’entrerai pas dans les détails, mes petits melons d’eau d’amour, mais je tiens à le souligner afin de tracer un exemple clair et précis de l’application de mes propos.


La raison pour laquelle j’aborde le sujet, c’est parce que la situation résulte tout simplement de mon choix personnel d’avoir choisi de dire « Oui » à l’appel de masse lancé à toustes de s’engager. Je ne ferai pas la leçon de ce qui est bon ou mauvais; la question est trop complexe pour être disséquée de manière adéquate dans un journal étudiant. Cependant, sachez, chèr.e.s lecteur.ice.s, que la seule manière d’avancer dans de telles situations est de s’engager avec un « Oui » bien senti, informé et solide. Un « Oui » qui repose sur une fondation de convictions, mais aussi une ouverture qui laisse les bourrasques filtrer entre les idéaux. Un « Oui » engagé est une structure solide et permanente qui ne sera que vouée à grandir. Je crois au pouvoir de l’action collective, au pouvoir de la communauté, au pouvoir du discours ouvert et honnête. Je crois au meilleur et à l’amour. Je crois au discernement et au gris autant que je crois au noir et au blanc purs. Cependant, je ne pourrai, en toute conscience, mettre mon espoir dans un mouvement où l’engagement est chuchoté à moitié, où le « oui, oui » est contredit dès lors qu’il est édicté, où l’acquiescement est donné par un sentiment de contrainte involontaire, de dogme ancré dans la facette sociale qui serait prête à nous écraser.


Rester silencieux.euses est le privilège le plus sous-estimé, mes très chèr.e.s lecteur.ice.s. Cependant, il va de soi de mentionner que de promouvoir une façade fragile de l’inclusion, de l’information, de l’engagement et du « Oui » est souvent plus détrimentaire à la libération commune que le silence radio, même si le mutisme appuie l’agresseur dans 100% des cas. L’Information avec un « i » majuscule est disponible au bout de nos petits doigts salis par l’encre des pages à lire pour le cours de droit des assurances. Elle est disponible entre les pages du Contrat social, sous l’annexe de notre humanité partagée, de l’empathie et de notre mémoire collective. Je vous invite fortement à prendre le temps de la lire, de la consulter, et surtout, de la comprendre. L’ignorance n’est un défaut que lorsque nous ne cherchons pas à l’éliminer et que nous nous en servons comme raison pour maintenir le statu quo. La manipulation d’un lexique spécifique peut jouer contre l’opinion publique, certes, mais n’oublions pas le cheminement personnel qui vient avec la remise en question de propagande lavée et confortable. La propagande qui a souvent été fournie comme un préalable communautaire dans notre conception générale de certains événements; le chemin de la remise en question est long, difficile, mais gratifiant et nécessaire.


Et pour celleux qui ont déjà franchi la frontière intellectuelle de la recherche de la Vérité, ne vous asseyez pas sur vos lauriers. Votre « Oui » est déjà solennel et engagé, certes, mais il ne vaut guère plus que celui qui sera prononcé par ceux qui arriveront enfin à vos côtés. La communauté, c’est beaucoup de travail, c’est épuisant — éreintant — et parfois même blessant. En revanche, la communauté est aussi le bataillon le plus fort pour résister à toute forme d’oppression; la main tendue est souvent le phare qui nous permet de continuer à pousser.


Le « Oui » qui nous unit est le « Oui » le plus fort qui soit. S’il vous plaît, je vous en implore, chèr.e.s lecteur.ice.s, prenez le temps d’en formuler un véritable, même si ce n’est que cette fois-ci; nous en aurons toujours besoin dans les débats les plus décisifs de notre ère.


Sur ce, je vous redis à la prochaine chèr.e.s lecteur.ice.s et je vous laisse sur ma seule et unique prise de position qui n’est pas faiblement voilée derrière de minces sous-entendus: je vous dis « Oui » à l’ananas sur la pizza. Notez, je vous en prie, qu’il s’agit ici de ma prise de position officielle dans ce débat parfois vicieux et sanglant, afin d’être « vraiment « l’fun » dans les partys » (je vous avais dit que je ne vous mentais pas). Si vous voulez partager (ou non) vos engagements pour diverses causes, écrivez-moi sur Instagram. J’aurai le plaisir de vous faire peur en vous répondant beaucoup trop vite pour un débat sur la meilleure saveur de slush du dépanneur du coin.


Avec (beaucoup de) rage, ferveur et (un peu de) tendresse,

Mennoya Nicounen

Instagram: @mennoya_nicounen

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