
La météo, le droit et les spécialités culinaires : réflexions belges éparses et sans réel fil conducteur
Auteur·e·s
Clémence Duranleau-Hendrickx, Étudiante de 3e année en échange en Belgique
Publié le :
31 mars 2022
« Avec des cathédrales pour uniques montagnes,
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Ou des diables en pierres décrochent les nuages,
Avec le fil des jours pour unique voyage,
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir,
Avec le vent de l'est, écoutez-le tenir,
Le plat pays qui est le mien. »
À nos hivers où les Celsius chutent sans lendemain, les Belges préfèrent des températures oscillant entre zéro et dix degrés avec des ciels souvent complètement nuageux.


Jacques Brel, dans sa chanson « Le plat pays » sortie en 1962 sur l’album « Les Bourgeois », chante une Belgique sombre où le soleil se fait rare et où les sommets sont inexistants. Je sais, bien évidemment, que l’on ne peut utiliser son expérience personnelle pour en tirer des conclusions générales, mais c’est au soleil éclatant d’un 7 février midi heure locale que je commence ce qui sera probablement mon dernier écrit dans le Pigeon. Mais sans aucune montagne en vue, bien évidemment.
La météo en Belgique, c’est un sujet de conversation à part entière. Pour avoir habité presque un an aux Îles-de-la-Madeleine, je peux vous assurer que la météo, c’est du sérieux. C’est clairement MétéoMédia qui est la chose la plus intéressante sur le Web. De la même manière qu’il n’y a pas toujours des vents à écorner les bœufs aux Îles, il n’y a (malheureusement) pas toujours de soleil éclatant sur le territoire belge. À nos hivers où les Celsius chutent sans lendemain, les Belges préfèrent des températures oscillant entre zéro et dix degrés avec des ciels souvent complètement nuageux. Un Belge rencontré dans une soirée m’a d’ailleurs affirmé qu’ils se faisaient tous prescrire de la vitamine D par leurs médecins durant l’hiver. L’industrie pharmaceutique de la vitamine D a trouvé en la Belgique un bon filon. Si je pouvais vous entretenir encore longtemps sur la météo, parce que comme je vous l’ai affirmé, c’est un sujet entier de conversation, je doute que ça ne retienne plus que 3-4 de mes ami·e·s.
La Belgique est un pays fascinant/complexe/un peu dysfonctionnel sur le plan politique, comptant un peu plus de 11 millions d’habitant·e·s et trois langues officielles, le néerlandais (en Flandre), le français (en Wallonie) et l’allemand (dans la partie est du pays). La partie allemande est toutefois relativement négligeable, ne constituant qu’un seul pour cent de la population. Partageant des similarités avec un Canada constitutionnellement bilingue, la Flandre et la Wallonie cohabitent donc, non sans tension, sur une superficie relativement petite. Sans une ni deux, j’ai sorti ma calculatrice pour vous : le Canada fait environ 300 fois la superficie de la Belgique. Ça vous donne une idée. Les Belges se chicanent donc sur un territoire 300 fois plus petit. La situation de la Région de Bruxelles-Capitale, enclave officiellement bilingue sur le territoire flamand, compte pourtant 80 % de francophones pour 20 % de néerlandophones. Un fait intéressant : le dialecte bruxellois, peu parlé de nos jours, est un mélange de français, de néerlandais, de wallon, d’espagnol et de yiddish.
Au niveau juridique (on est quand même en droit, même si souvent, on souhaiterait être dans un autre programme), la Belgique a un système de tradition civiliste qui ressemble beaucoup à celui de la France. Props à Napoléon et à son Code civil de 1804, ça a été un grand coup.
Mais au-delà de la météo et du système juridique, le plus intéressant de la Belgique pour un gourmet, ce sont les gaufres, les frites et la bière. Le chocolat aussi, mais je ne suis pas une grande fan, donc je ne m’épancherai pas là-dessus. Oubliez les gaufres congelées : les gaufres belges sont reconnues partout dans le monde. Il y a principalement deux sortes, les gaufres de Liège et les gaufres de Bruxelles. Après avoir mené de rigoureuses dégustations pour le compte du Pigeon, je vous recommande celle de Liège sans aucune hésitation. La Bruxelloise est très légère et croustillante, voire trop, tandis que la Liégeoise est beaucoup plus satisfaisante à manger avec une texture plus consistante. Pour ce qui est des frites, le Café Georgette est une adresse incontournable à Bruxelles. Le secret est dans la double cuisson résultant en de bons, gros, gras, dorés quartiers de pommes de terre. Pour les bières, je ne ferai pas semblant de connaître ça, mais je vous assure que d’habiter dans un endroit où la bière n’est pas chère et où les options sont presque infinies, ça aide à aimer ça et ça aide à passer à travers les journées plus grises, les journées où on se demande pourquoi on n'a pas choisi le soleil de la Provence, les journées de « ciel si gris qu’il faut lui pardonner ». Mais ces journées-là, elles passent aussi rapidement qu’elles se sont installées.
« Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu,
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu,
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner.
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler,
Avec le vent du nord, écoutez-le craquer,
Le plat pays qui est le mien. »