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La jeunesse debout : tour du monde

Auteur·e·s

Myriam Coderre

Publié le :

20 novembre 2025

Les étudiant.es dénoncent une atteinte illicite et directe à leurs droits constitutionnels de liberté d’expression et d’association.

Loi 2 sur les médecins

Adoptée sous bâillon le 25 octobre, la controversée loi 2 du ministre de la Santé, Christian Dubé, continue de faire couler l’encre des journalistes. Cette loi de 113 pages redessine le réseau de la santé en prévoyant, entre autres, de lier 15% de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance collective, de modifier le mode de rémunération des médecins de famille, de réinventer le modèle de prise en charge pour l’accès à la première ligne, et d’interdire les moyens de pression des médecins.


Déjà lourdement contestée par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), c’est désormais au tour des étudiant.es en médecine de faire pression sur le gouvernement. La Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), qui regroupe les quatre facultés de médecine du Québec, a déposé devant la Cour supérieure une demande de pourvoi en contrôle judiciaire, ainsi qu’une requête en sursis d’application de certains articles de la loi, en attendant que le tribunal se prononce sur le fond dans les prochains mois. Cependant, cet espoir a rapidement été déçu : la Cour supérieure a refusé, jeudi le 13 novembre, d’accorder la suspension des cinq articles contestés.


Les contestations étudiantes portent, entre autres, sur les dispositions interdisant les actions concertées susceptibles de nuire ou d’entraver la dispensation des cours et des activités pédagogiques. Ces restrictions, assorties d’amendes salées allant de 200 $ à 1 000 $ par jour pour les individus et de 100 000 $ à 500 000 $ pour les associations, soulèvent des inquiétudes quant à l’étendue réelle de la loi. En effet, il demeure incertain, à sa seule lecture, si les gestes concertés des associations étudiantes tombent également sous le coup de ces sanctions.


Bien que les quatre associations se soient dotées de mandats de grève, elles demeurent prudentes, craignant de se voir imposer les sanctions prévues dans la loi. Leur solution a donc été de voter en faveur d’une grève, à condition que celle-ci soit légale. Malgré l’appui majoritaire des étudiant.es en faveur de la grève (70% en faveur à l’UdeM, 66% à Sherbrooke, 64% à McGill, 53% à Laval), un constat s’impose :  la peur a pris le pas sur la conviction. Le bâillon s’étend au-delà de l’Assemblée nationale, il s’infiltre dans les revendications étudiantes.


Les étudiant.es dénoncent une atteinte illicite et directe à leurs droits constitutionnels de liberté d’expression et d’association. Dans les milieux de santé, plusieurs parlent d’une atmosphère tendue, empreinte de désillusion et d’amertume face à un gouvernement qui ne les écoute pas. Le désenchantement causé par la loi de Dubé s’invite là où régnait autrefois la vocation. Ces futur.es professionnel.les, qui ont consacré leur jeunesse à la médecine et qui souhaitaient exercer dans un système valorisant, se découvrent otages d’une réforme sur laquelle ils.elles ne peuvent se prononcer.


Dans sa décision, la Cour supérieure a affirmé que le droit à la grève n’est pas un droit consacré pour les étudiant.es comme il l’est pour les travailleur.euses. Elle a également mis en balance les préjudices potentiels pour chacune des parties (soit les étudiant.es et les bénéficiaires de soins) advenant le refus du sursis demandé. Sur ce point, la Cour a conclu ceci : « Il revenait aux demandeurs de démontrer que l’atteinte à leur liberté d’expression constituait un préjudice plus important que l’impact potentiel sur l’accès aux services médicaux, un fardeau qu’ils n’ont pas réussi à satisfaire. »


Cette conclusion fait sourciller certain.es étudiant.es en médecine, qui soutiennent que la prise en charge des patients ne relève pas d’eux.elles, puisqu’ils.elles demeurent officiellement des étudiant.es à temps plein en formation. Comme l’accès aux soins ne dépend pas de leur présence, plusieurs se demandent si la Cour a réellement saisi les nuances propres à la démarche des étudiant.es en médecine, laquelle se distingue de celles entreprises par la FMSQ et la FMOQ.


L’insécurité qu’a jetée la loi 2 sur le réseau médical est là pour rester. C’est sans doute là qu’elle laissera sa marque la plus profonde : non pas dans l’amélioration concrète du système de santé québécois, mais dans la crainte et le ressentiment qu’elle aura semés.


Élection du maire Zohran Mamdani à New York

L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York le 5 novembre dernier n’est pas passée inaperçue, pour plusieurs raisons. L’engouement suscité par son élection dépasse les frontières américaines ; plusieurs qualifient de « miracle » l’arrivée de ce charismatique politicien à la tête de la ville qui a fait naître Donald Trump et d’autres milliardaires.


Âgé de 34 ans, celui qui se définit comme un démocrate socialiste est devenu le plus jeune maire de la ville depuis 1892. Issu d’une famille d’intellectuel.les de la diaspora indienne, il est également le premier maire musulman et le premier maire originaire d’Afrique (Ouganda).


Méconnu du public il y a à peine un an et sans le soutien d’un parti institutionnel, il s’est imposé en quelques mois seulement dans le paysage politique américain. Il a défait l’ancien gouverneur démocrate de l’État de New York, Andrew Cuomo, et s’oppose farouchement à Donald Trump.


Avant de se lancer en politique, Mamdani a travaillé comme conseiller en prévention des saisies immobilières, aidant les personnes en difficulté financière à conserver leur logement. Sa préoccupation pour cet enjeu s’est manifestée avec ardeur dans ses discours.


Affordability, affordability, affordability. Tel a été le mot d’ordre de sa campagne électorale. Son objectif : rendre New York, l’une des villes les plus chères du monde, plus abordable. Pour ce faire, il a promis des services de transport et de garde d’enfants gratuits, ainsi que le gel des hausses de loyers pour les quelque deux millions de New-Yorkais vivant dans des logements sous contrôle municipal. Il a également proposé d’augmenter le salaire minimum à New York, actuellement de 16,50 $ US, jusqu’à 30 $ US.


Sa campagne électorale a électrisé les réseaux sociaux, surtout chez les jeunes. Ses promesses ont séduit 75% des électeurs âgés de 18 à 29 ans. À l’issue d’un scrutin marqué par une participation record depuis plus d’un demi-siècle, Mamdani a remporté 50,4 % des voix, contre 41,5 % pour Cuomo. Sur la liste électorale de New York, on compte 3,3 millions de démocrates inscrits, contre 600 000 républicains, ce qui explique en partie le résultat.


Mais de nombreux experts s’interrogent : ces promesses audacieuses de Mamdani ne risqueraient-elles pas de se heurter aux contraintes de la gouvernance ? Alors que plusieurs citoyen.nes y voient un souffle de fraîcheur et de renouveau pour le parti démocratique, d’autres s’inquiètent : ses mesures pourront-elles résister aux pressions économiques et politiques ? Les menaces d’exode des dirigeants d’entreprises, brandies comme un avertissement, se concrétiseront-elles ou resteront-elles des paroles en l’air ? La jeunesse et les idéaux de Mamdani parviendront-ils à se traduire en actions concrètes, ou se briseront-ils sous le pragmatisme du pouvoir ? Son mandat promet d’être captivant. Dans cette métropole fascinante, exigeante, théâtre d’innovations et d’inégalités, il reste à voir ce qu’adviendra de ce nouveau personnage.


Révolution Gen Z au Népal

Le 8 septembre dernier, des milliers de jeunes Népalais ont envahi les rues de la capitale, Katmandou, et d’autres grandes villes pour faire entendre leur message. La génération née post-monarchie a crié ses frustrations face à un système figé : corruption chronique, instabilité politique constante, croissance économique asphyxiée et surtout, un avenir stérile de possibilités pour les jeunes générations. Leur colère est dirigée vers une élite politique sourde à leurs besoins.

Le blocage de 26 réseaux sociaux au début du mois de septembre a été la goutte de trop. Les manifestations se sont rapidement transformées en soulèvement populaire, où des symboles du pouvoir, notamment le parlement, ont été incendiés et vandalisés par les foules frustrées.


Le premier ministre maoïste, Khadga Prasad Sharma Oli, a été contraint de démissionner. Un gouvernement provisoire, dirigé par l’ex-cheffe de la Cour suprême, Sushila Karki, assure la transition avant l’arrivée des élections législatives prévues le 5 mars.


L’histoire complexe de ce pays situé entre l’Inde et le Chine ne date pas d’hier. Ancienne monarchie puissante au XVIIIe siècle devenue monarchie absolue au milieu du XIXe siècle, son histoire est ancrée dans les tensions avec ses voisins et l’isolement international causé par ses dirigeants totalitaires. Au début du XXe siècle, des mouvements pro-démocratiques ont appelé à des réformes. La révolution de 1951 et les élections démocratiques de 1959, vite annulées par un coup d’État du roi en 1960, témoignent d’un souhait de démocratie toujours inexaucé.


L’histoire se répète dans les années 1980, alors que des protestations massives contre la monarchie éclatent dans le pays. En 1990, le pays transitionne vers une démocratie multipartite et une monarchie constitutionnelle limitant les pouvoirs du roi. Cela n’a pas pour autant satisfait le peuple. En 1996, une insurrection menée par le Parti communiste du Népal marque une nouvelle étape : le début de la guerre civile, qui durera dix ans. Avec comme objectif de renverser la monarchie et de mettre en place une république populaire, le conflit devient rapidement sanglant.


La fin de la guerre civile en 2006, aboutissant avec la signature d’un accord de paix entre le gouvernement et les maoïstes, a transformé le pays. Deux ans plus tard, la monarchie est abolie et le Népal devient une république fédérale démocratique. Ce tournant majeur n’a toutefois pas eu l’effet d’apaiser les tensions. Après la rédaction d’une constitution hautement contestée en 2015, des élections ratées en 2013 et des gouvernements fragiles qui se succèdent rapidement, la démocratie demeure embryonnaire et instable.


Les récents évènements au Népal sont symptomatiques des problèmes profonds qui troublent le pays depuis longtemps. En 2024, le chômage frappait un jeune sur cinq, poussant plusieurs d’entre eux à l’exil. Les manifestations sont le cri d’une génération qui refuse de se résigner, déterminée à se faire entendre et à se battre pour son avenir.


L’élection du 5 mars prochain fait naître un espoir : celui d’un peuple qui croit que son vote peut enfin faire influer l’histoire en sa faveur. Optimistes, plusieurs jeunes se rendront pour la première fois au scrutin.

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