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L’élastique

Auteur·e·s

Adam Wrzesien

Publié le :

31 décembre 2021

En janvier de cette année, on se rendait déjà compte que la fin de 2020, après tout un simple changement de l’unité, n’allait pas apporter la fin de nos peines covidiennes. J’avais écrit là-dessus, dans le temps. J’essayais de m’expliquer comment on avait pu passer du 31 décembre, quand on regardait les émissions de fin d’année en se félicitant et en célébrant la fin imminente des troubles, au janvier morne qu’on a eu ensuite. Dès lors, c’était sûr, il fallait attendre l’été. Il fait chaud, l’été. Il allait y avoir plus de gens vaccinés, l’été.

Aujourd’hui, même Legault semble redouter que l’admirable élastique de discipline de la population québécoise éclate.

Eh bien, faut croire que l’hiver est revenu. Qui aurait pensé que cette année aussi, on risque de regarder le Bye bye avec pour seule compagnie un ou deux amis sur Zoom?


Sentiment de déjà-vu, impression de retour à la case « départ », et toute la détresse que ça implique : voilà ce que Omicron nous amène. En fait, peu de mots sauraient décrire l’ampleur du désastre qui se dessine devant nous : en raison de la situation sanitaire d’un côté, mais aussi (et peut-être surtout), car la machine communicationnelle du gouvernement menace de s’essouffler.


Auparavant, quand il fallait se confiner, on parlait, en conférence de presse… de confinement. Limitation des rassemblements, interdiction ou  réduction de certaines activités et fermeture de commerces non essentiels en étaient les conséquences principales. Au moment où la normalité relative dont nous jouissions depuis cet été doit laisser place à une reprise de mars 2020, ce sont les mêmes effets qui sont annoncés, moins les fermetures complètes. Or aujourd’hui, le gouvernement le passe sous le vocable comptable du « 50% ». Il faut avouer qu’on est loin de l’air rassurant de la « pause de deux semaines », ou de l’entrain du « défi 28 jours ». Qui plus est, je crois n’avoir jamais vu le premier ministre mettre autant l’accent sur le fait que « ce qu’il dit pourrait changer dans une semaine » ni le docteur Arruda se réfugier autant dans le diminutif « épidémio ». Triste spectacle… de patinage, je le crains. Comme s’ils craignaient de tout nous dire d’un seul coup.


Non pas que je les en blâme, comprenez, même si l’optimisme exagéré dont le gouvernement faisait constamment montre il y a ne serait-ce que deux semaines n’a pas aidé à gérer les attentes. Leur crainte est justifiée. Le temps des Fêtes en tant que tel est déjà une bombe à contacts, et on risque d’ajouter à cela une coopération plus restreinte de la part du citoyen ordinaire. Car non, Monsieur-Madame-Tout-le-Monde ne va pas nécessairement refuser l’entrée à Mononcle-Roger-le-pas-vacciné lors de son petit rassemblement de Noël (qui aura, malgré tout, lieu avec l’accord tacite du pouvoir, qui n’effectuera pas de surveillance policière et se fie « à la responsabilité des Québécois »). Et on va se le dire, ledit Mononcle Roger ne se gênera pas pour indiquer aux convives, après deux-trois verres de vin, que les cas progressent encore plus rapidement ce mois-ci qu’il y a un an, alors que l’immense majorité des Québécois n’avait même pas reçu une dose de vaccin. Il brandira fièrement à cet effet les mêmes graphiques qu’il a si longtemps taxés de mensonges du « gouver-nous-ment ». Et ce n’est pas tout le monde qui aura une tante épidémiologiste à table pour expliquer que ce qu’il insinue est faux. Or, la dernière chose dont nous avons besoin, c’est de plus de munitions pour le complotisme.


Car être tannés et déçus une semaine, un mois, un an, c’est une chose; tannés et déçus 21 mois, c’en est une autre. Aujourd’hui, même Legault semble redouter que l’admirable élastique de discipline de la population québécoise éclate. Il va sans dire que c’est à éviter, et ce, à tout prix : les conséquences pandémiques sont évidentes, et ce serait aussi un coup dur pour la traditionnelle solidarité québécoise. Pas bon. Il est donc regrettable, mais nécessaire, que tout ne soit pas dit en un soir. Ne nous mettons pas la tête dans le sable : au rythme actuel des infections, les mesures de la conférence spéciale du 16 décembre ne seront pas les seules, cet hiver.


En ce qui nous concerne, ce n’est que très tard dans la conférence de presse qu’on a mentionné ce qui arriverait aux universités. Aucun changement en vue, mais les cours en présentiel de la session d’hiver ne commenceront pas avant le 10 janvier. Une non-mesure, en somme. Comme si ces quelques jours de plus aux vacances, pour ceux qui ne commençaient pas déjà plus tard, allaient contenir le virus dans une mesure acceptable pour qu’on revienne en classe en sécurité. Allons.


J’espère avoir tort, mais je crains bien que ceux qui ont terminé leurs examens finaux ne reverront pas la Faculté avant un bon moment.


Ah et puis, les États-Unis viennent de se faire éventrer par une série de tornades, le Canada anglais s’unit plus que jamais dans son incompréhension du Québec et des Québécois en raison de la loi 21 (peu importe ce qu’on pense d’icelle), et la Russie risque d’envahir l’Ukraine dans pas long.


Bonne année, tout le monde.

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