Défendre Nos Acquis face aux Nouveaux Défis
Auteur·e·s
Océane Mouton
Publié le :
29 novembre 2024
Alors que notre association se prépare à participer à la prochaine session de la Commission de la condition de la femme (CSW) des Nations Unies, il est essentiel d'évaluer l'état actuel des droits des femmes à travers le monde. Lors d'une rencontre l'année dernière avec la mission permanente de la France auprès des Nations Unies, une question semblait incontournable: « Avez-vous constaté des avancées significatives en matière de droits des femmes par rapport à l’année dernière? » La réponse fut sans équivoque : plutôt que de progresser, nous assistons à un recul inquiétant. Aujourd'hui, le combat ne se limite plus à l'acquisition de nouveaux droits, mais à la protection des acquis durement obtenus.
Malgré ces défis, des progrès notables méritent d'être soulignés.
Reculs Alarmants des Droits des Femmes
Les droits des femmes sont confrontés à des défis complexes dans des contextes variés, exacerbés par des conflits armés, des politiques extrêmes et des tensions culturelles. En Afghanistan, le retour des Talibans en 2021 a mené à une politique d’exclusion stricte des femmes de la vie publique et de l’éducation, transformant le pays en ce que l’ONU qualifie de véritable “régime d’apartheid de genre”. Les droits fondamentaux des femmes sont systématiquement érodés, rendant difficile l’accès à l’emploi, aux soins de santé, et même aux activités sociales de base.
En Iran, la situation est marquée par une répression intense des militantes des droits des femmes, illustrée par des arrestations massives et des condamnations sévères. À l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini, les femmes qui continuent de revendiquer leurs libertés individuelles font face à un environnement hostile où le militantisme féminin est criminalisé. Ce régime, souvent qualifié d’autoritaire, utilise des mesures punitives pour maintenir le contrôle, forçant ainsi les militantes à agir dans des cercles clandestins ou à l’étranger.
En parallèle, en Europe, la montée des partis populistes et conservateurs crée un climat où les droits reproductifs et l’égalité salariale sont menacés. Ces partis s’opposent aux législations progressistes, appelant le retour des "valeurs traditionnelles" et affaiblissant ainsi les progrès sociaux obtenus ces dernières décennies. L’élection de Donald Trump en 2024 aux États-Unis atteste de cette dynamique, qu’il faudra suivre de près pour anticiper les possibles reculs dans d'autres démocraties occidentales.
En RDC, des groupes armés ont recours aux violences sexuelles depuis des décennies, exploitant l’impunité pour imposer leur contrôle. Au Soudan, les rapports de viols systématiques en 2023 révèlent une tactique brutale de domination, visant à anéantir la résilience des femmes et à les réduire au silence. Ces actes ignobles, souvent oubliés dans les processus de paix, laissent des blessures profondes et durables chez les survivantes.
Avancées Encouragées par la Résilience
Malgré ces défis, des progrès notables méritent d'être soulignés. En France, le 4 mars 2024, le Parlement a adopté une révision constitutionnelle inscrivant la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Cette initiative vise à protéger cette liberté fondamentale contre toute remise en cause future.
Aux États-Unis, bien que la Cour suprême ait renversé l'arrêt Roe v. Wade en 2022, certains États ont pris des mesures pour protéger les droits reproductifs. Par exemple, la Californie a adopté des amendements constitutionnels garantissant la liberté reproductive, incluant le droit à la contraception et à l'avortement, et sept autres États américains envisagent de suivre cette voie.
Au Mexique, la Cour suprême a dépénalisé l'avortement au niveau fédéral en septembre 2023, marquant une avancée significative pour les droits des femmes dans le pays. Cette décision historique reflète une tendance croissante en Amérique latine vers la reconnaissance des droits reproductifs des femmes.
Récemment, l'étudiante iranienne Ahou Daryaei incarne le courage de nombreuses femmes en Iran et en Afghanistan, qui, malgré de graves risques de répression, continuent de manifester pour leurs droits. Après une violente altercation au cours de laquelle des gardiens de l’université de Téhéran lui ont déchiré ses vêtements pour non-respect des règles strictes du port du voile, Daryaei a protesté en se dévêtant, un acte de résistance symbolique contre les restrictions imposées.Son geste s’inscrit dans un mouvement plus large où les femmes en Iran (Femme, Vie, Liberté), tout comme en Afghanistan sous le régime Taliban, refusent l’effacement et défendent leurs droits fondamentaux, malgré les arrestations et la répression
violente auxquelles elles sont exposées.
L'importance de la Vigilance et de l'Engagement
Ces développements soulignent l'importance de rester vigilant.e.s et engagé.e.s. La
participation à des forums internationaux tels que la CSW offre une plateforme pour défendre les droits des femmes et rappeler que la cause féminine doit rester au cœur des débats mondiaux. Face aux menaces actuelles, il est essentiel de maintenir l'espoir et de travailler collectivement pour que la régression ne devienne jamais la norme.
Regroupements des étudiants de l’UdeM en soutien à ONU Femmes
https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/19/dans-certains-etats-americains-c-est-la-liberte-reproductive-de-chaque-individu-qui-est constitutionnalisee_6228609_3232.html?utm_source=chatgpt.com