
Chat perché
Auteur·e·s
Marwa
Publié le :
8 avril 2024
Trois petits chats sautent dans l’eau
Et toi tu regardes, tout là-haut
Trois petits chats viennent à ton cou
Mais toi tu cours partout
Trois petits chats
Regarde-moi
On est bien mieux dans le flow
Oh aime-moi
Oh arrête-toi
On est bien mieux chez les cocos
Jouer au Uno, amour de ma jeunesse et de nombreuses expériences palpitantes, se fait rare.
Le mien sent toujours le sable de Perpignan.


Il est toujours tard quand je vous écris. Quand j’écris tout court. Ce n’est qu’une fois le jeu de la « journée rondement menée » que je peux savourer les mots et le calme volage qui se fait dans mes pensées.
J’ai pensé cette comptine en réécrivant un texte en version inclusive, en me demandant si je faisais bien. Je doute encore beaucoup, tous les environnements ne sont pas prêts à accepter que le français limite vraiment la reconnaissance de toutes les réalités.
Je vais laisser ce texte comme ça. Et je vais écrire celui-ci au « je », comme d’habitude et pour exister dans notre société.
Jeux et société. Difficile de ne pas tomber dans le cynisme à la vue de ce thème, beaucoup de mes congénères tuant les corps et les âmes comme si tout cela n’était qu’un jeu.
Un, deux, trois, quatre
J’accroche mes oreilles
Cinq, six, sept, huit
Et presque tout m’émerveille
Neuf, dix, onze, douze
Réapprendre à marcher !
Quand j’ai découvert le jeu de boulettes, je ne me pensais pas aussi forte en son. L’attention que cela me demandait et la satisfaction de me savoir capable de reproduire des sons d’objet ou de ville (oui, oui, ma coéquipière avait trouvé Reykjavik) m’ont immédiatement rendue accro à ce jeu où ma bonne mémoire était mon alliée. Ce jeu qui me ramenait à mon enfance où ce que mon corps exprimait valait mille mots. Enfance où on jugeait moins mes lapsus, mes raccourcis et liens psychologiques, mes schèmes de pensée. Enfance où manger une banane n’avait rien d’obscène. J’aime le jeu de boulettes.
À l’inverse, les trois fois où j'ai joué à « Time Bomb », j’ai peu apprécié mon expérience. Le mensonge n’est plus ma tasse de thé. Et je ne trouve pas excitant le fait de profiter de mon intelligence émotionnelle pour quelque chose d’aussi futile qu’une victoire à un jeu d’aversion. Je ne trouve pas ça excitant d’avoir à me méfier des personnes autour de moi, qui sont au départ des ami.e.s ou connaissances. Dans le fond, je n’aime pas avoir à me méfier des gens en général.
Les jeux de cartes me manquent : le président, le pouilleux ou menteur (au choix) et le rami… Ceux qui se faisaient en attendant son « Monaco » en terrasse les soirs d’été de juin, ceux qui se sortaient à l’aéroport, ceux qui cassaient la « journée rondement menée ».
Jouer au Uno, amour de ma jeunesse et de nombreuses expériences palpitantes, se fait rare.
Le mien sent toujours le sable de Perpignan.
J’aurais voulu m’attarder à apprendre à jouer aux échecs, aux dames ou encore au Cluedo. Je n’en ai pas eu le temps. Je n’en ai plus le temps. Avoir le temps de regarder mon horloge pour pratiquer ma lecture de l’heure, c’était la belle vie. Je remercie la chance que j’ai eue de pouvoir m’asseoir dans ma grande chambre d’enfant en regardant la petite aiguille m’indiquer l’heure d’aller aux anniversaires. Je ne réalise que maintenant ce que c’est que d’avoir du faux temps libre. Mais si vous savez, celui qui est compté.
Aujourd’hui, je joue à des jeux de cartes qui posent des questions auxquelles les gens ne veulent usuellement pas répondre. Des questions que l’on ne se pose plus naturellement. Des questions que l’on se pose en fin de soirée, lorsque l’on se désinhibe, lorsque communiquer n’est plus difficile. Des questions que l’on se pose lorsque la vulnérabilité ne fait plus peur. On pose ces questions quand on veut apprendre à se connaître, dans différents aspects de nos personnalités.
Vous savez, il y a beaucoup de « blancs de mémoire » dans ces jeux-là. Beaucoup de « Euh … » ou de « Eh je sais même pas, pour vrai ! ». On ne se pose plus ces questions à nous-mêmes. Par manque de temps, peur, inintérêt et j’en passe. Raisons qui peuvent être valables, très vraies, et parfois non. Parfois nous sommes juste trop le fruit de nos sociétés.
Je pense à la prolifération des jeux de « questions » – dont je suis très friande, ne vous méprenez pas – et je me demande si c’est la meilleure manière de nous apprendre à communiquer. Ou plutôt s’il n’est pas désolant d’avoir besoin de cela pour communiquer.
Dam dam de de
Si si ole ole
Mini mini waka dam
Mini mini owe
(Version alsacienne d’un jeu de mains enfantin).