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Au nom de la justice humaine

Auteur·e·s

Sophia G. Toutant

Publié le :

1 novembre 2020

En mai dernier eut lieu l’assassinat de George Floyd aux mains de policiers de la ville de Minneapolis, en plein jour, à la vue de tous. Dans une Amérique déjà profondément éreintée par les violences policières à l’encontre de Noir.e.s, la mort de George Floyd provoqua un cataclysme, et une vague de manifestations sans précédent prit d’assaut le globe terrestre. Au cœur des revendications : la justice pour George Floyd, Breonna Taylor, Eric Garner et tant d’autres, dont la vie ne devrait pas se résumer à une simple énumération, un simple nom parmi une liste bien trop longue. On réclame la condamnation formelle des policier.ère.s responsables de ces tragédies injustifiables, et un changement drastique au sein de l’institution policière. C’en est assez de ces « accidents ». C’en est assez de ces « quelques policier.ère.s qui ne représentent pas la majorité ». C’en est assez de laisser les Noir.e.s se faire assassiner aux mains d’un corps de police majoritairement blanc. Black lives matter.


Une idéologie particulière, issue du mouvement de protestations, commença à rapidement gagner du terrain, soit l’idée de #DefundThePolice. Ce courant suggère qu’il faut réallouer les fonds jugés exorbitants accordés à la police et plutôt les redistribuer dans la communauté. Pour vous donner une idée, le service de police de New York avait un budget de 6 milliards dollars en 2020 (1).


Les sympathisant.e.s du mouvement #DefundThePolice, approuvé entre autres par certaines branches de l’association #BlackLivesMatter, proposent qu’on doive injecter de l’argent dans des organismes communautaires. Ainsi, on supporterait les citoyen.ne.s des communautés marginalisées, lesquelles sont ceux et celles ayant le plus d’interactions avec les policier.ère.s. Par exemple, prendre des fonds de la police pour les réinvestir dans des organismes de spécialistes en travail social, en santé mentale, en violence domestique, des refuges pour sans-abris, dans l’éducation, l’emploi et le logement (2). #DefundThePolice a principalement comme visée de mettre fin au phénomène de Noir.e.s mourant aux mains de la police, une institution supposée protéger ses citoyen.ne.s, et non les tuer. Cependant, le mouvement #DefundThePolice a également une portée plus globale, c’est-à-dire qu’il n’est pas strictement lié à l’enjeu racial. En effet, l’approche préconisée par #DefundThePolice est également dans l’optique de défendre ses citoyen.ne.s plus vulnérables, comme les personnes souffrant de troubles mentaux, ou celles provenant de milieux défavorisés, puisque les brutalités policières s’appliquent également à leur égard (3), car malheureusement, avec la police, on choisit de criminaliser la vulnérabilité


Cette méthode règlerait plusieurs problèmes. Tout d’abord, investir dans la prévention diminuerait considérablement le nombre de personnes dont la situation force à requérir une intervention policière. En somme, moins il y a d’interactions policières, moins il y aura de bavures policières. Mieux vaut prévenir que guérir. Cette solution permettrait l’attribution de certaines tâches spécialisées à des professionnel.le.s mieux formé.e.s, celles-ci étant présentement réservées à la police. En effet, les défenseurs du mouvement insistent sur le fait que la tâche incombant aux policier.ère.s est dorénavant trop grande. Si leur mandat originel consistait à résoudre des crimes, ils occupent aujourd’hui des tâches diverses comme faire des contrôles de santé, ce pour quoi ils ne sont pas explicitement formé.es. En 2016, l’ancien chef de la police de Dallas, David Brown, a révélé « qu’on en demandait trop des policiers, et que cela n’a jamais été leur rôle de régler tous ces problèmes » (4). Selon lui, le recours à la police ne devrait être nécessaire que lorsque les situations présentent un haut taux de risque. Les policier.ère.s ne devraient pas être les premier.ère.s répondant.e.s lors de la résolution de ces « problèmes ». Au Canada, Darryl Davies, professeur spécialisé dans les situations où il y a risque de violence, est du même avis. Dans Le Devoir, Davies cite que la GRC dit intervenir en moyenne 10 000 fois par mois auprès de personnes en situation de crise ou pour vérifier leur état de santé, ce pour quoi ses membres ne sont pas formés (5). En effet, selon des données, 9 appels sur 10 faits aux policier.ère.s sont pour des motifs non-violents (2).


Or, par la formation que suivent les policier.ère.s américain.e.s, des interventions aux origines non-violentes finissent bien souvent par dégénérer, et les policier.ère.s ont alors recours à la force. CBC News investigation a découvert qu’au Canada, entre 2000 et 2017, 70% des personnes tuées par la police avaient des problèmes de santé mentale, d’abus de substance, ou les deux (6).


Prenons en exemple le cas de nos voisins du sud. Aux États-Unis, la formation pour devenir policier.ère dure de 10 à 36 semaines, selon les États. D’ailleurs, la législation quant au nombre d’heures allouées à la « désescalade » durant la formation, une série de tactiques employées pour calmer une situation, ainsi que la définition de désescalade en soi varient d’un État à l’autre (7). Par ailleurs, les États-Unis sont le pays où il y a le plus de possession d’armes à feu par personne (7). Cela fait en sorte que la réaction immédiate de la police américaine est d’utiliser la répression avant qu’une situation ne dégénère et d’être plus méfiants envers les individus.

En effet, l’approche préconisée par #DefundThePolice est également dans l’optique de défendre ses citoyen.ne.s plus vulnérables, comme les personnes souffrant de troubles mentaux, ou celles provenant de milieux défavorisés, puisque les brutalités policières s’appliquent également à leur égard (3), car malheureusement, avec la police, on choisit de criminaliser la vulnérabilité

Ainsi, une intervention pour motifs non-violents ne devrait pas être exécutée par la police qui, par son manque de formation, participe à une escalade de la violence, et qui n’est pas l’institution la plus adéquate pour agir dans une telle requête. Il faudrait plutôt s’en remettre à des professionnel.le.s, comme des intervenant.e.s en toxicomanie, des travailleurs sociaux, etc. Citons l’exemple du projet CAHOOTS, dans la ville d’Eugène, en Oregon. On a décidé, en 1989, de créer une ligne d’assistance d’intervenant.e.s sociaux pour répondre aux appels d’urgence. Cette ligne d’assistance était financée à même les budgets alloués à la police, qui dépêchait des expert.e.s en santé mentale et des travailleurs sociaux pour régler les situations. En 2019, CAHOOTS avait répondu à environ 20% des appels faits au 911. Ce groupe estime avoir permis d’économiser 8,5 millions de dollars en frais de sécurité publique (5).


Le courant #DefundThePolice regorge d’autres mouvements de degrés différents dont le plus radical, celui de #AbolishThePolice. #DefundThePolice reconnait le travail effectué par la police ainsi que sa nécessité, tout en souhaitant puiser dans les budgets de celle-ci pour réorganiser l’institution et prévenir davantage de crimes et ainsi diminuer le recours à des interventions policières. En comparaison, #AbolishThePolice suggère que définancer la police n’est pas suffisant, que les réformes futures ne modifieront guère ce que les réformes passées ont tenté d’accomplir. En somme, de telles réformes pourront créer un impact assez grand pour opérer un changement suffisant. Alors, pour les adeptes de #AbolishThePolice, la seule solution pour réellement mettre un terme aux bavures de la police consiste en son éradication. Un exemple prééminent est Minneapolis, ville où a été assassiné George Floyd, qui était déjà sous pression depuis 5 ans pour mettre en place des réformes contre la violence policière. Même avec une panoplie de réformes déjà amorcées, telles qu’un programme pour lutter contre le profilage racial ou bien le port de caméras par les policier.ère.s lors de l’exercice de leurs fonctions, la mort de George Floyd n’a pu être empêchée (8).


Se pencher sur la question de déterminer s’il est réalistement possible d’abolir la police revient immédiatement à s’interroger sur la nature même et le rôle explicite de cette institution. Comment pourrions-nous vivre sans présence policière ? Qui nous protégerait? Qui appellerais-je si je suis victime d’un crime ? Si Monsieur et Madame tout le monde, ou devrait-on plutôt dire les communautés non racisées et privilégiées, qui ne sont pas celles qui sont le plus affectées par les interactions policières, partagent la croyance populaire que la police est établie pour protéger le citoyen et pour faire régner la loi et l’ordre, certains voient la chose d’une toute autre manière. En effet, tel que décrit pour le New York Times Mariame Kaba, une abolitionniste : « En tant que société nous avons été trop habitués et endoctrinés à l’idée d’avoir recours de façon automatique à la police et à mettre les gens en prison comme solution à la violence » (9). Selon les abolitionnistes, le rôle des policier.ère.s est tout autre. Tout d’abord, ils n’ont pas comme mandat de protéger de façon égale tout.e citoyen.ne, et les abolitionnistes rappellent l’origine de la police américaine. Isaac Bryan, le directeur de UCLA’s Black Policy Center, explique pour CNN que dans le Sud des États-Unis, aux origines de ce qui forme aujourd’hui les forces de l’ordre, celles-ci étaient alors composées de vigiles, qui avaient comme mandat de recapturer les esclaves noirs s’étant échappés. Après l’abolition de l’esclavage, la police avait comme rôle de renforcer les lois Jim Crow, et ainsi de suite (10). À maintes reprises, la police était mandatée pour opprimer les communautés noires et user de force excessive.


Ainsi, la police, dans l’optique des abolitionnistes, est une institution aux fondements purement racistes. En effet, dans une telle perspective, la raison d’être de la police ne consiste pas à protéger « tous et chacun », mais bien à protéger les élites blanches et riches, ainsi que ses propres intérêts. On a notamment remarqué l’utilisation de la police à des fins politiques discriminatoires. Par exemple, pensons à la « Guerre contre les drogues » de Nixon de 1971, qui a supposément été créée dans le but de dissoudre les communautés noires. Encore aujourd’hui, il y a une surreprésentation de policier.ère.s dans les communautés de minorités ethniques et un usage inégal de la force utilisée contre ces dernières, en particulier la communauté noire. Les Noir.es sont alors beaucoup plus appréhendé.e.s, arrêté.e.s et sanctionné.e.s, et ce, parfois, pour des crimes mineurs, contrairement à une personne blanche. Par exemple, selon des données de 2012, même si les Américain.es noir.es n’ont pas plus tendance à user ou à vendre des drogues, il demeure plus probable qu’ils ou elles soient arrêté.e.s pour cela. Puis, lorsqu’ils ou elles sont condamné.e.s pour possession de drogue, ils écopent d’une plus longue peine (11).


Une telle institution, en raison de sa nature et de son histoire, ne peut donc pas traiter de façon égale ses citoyen.ne.s racisé.e.s. Si une institution a été créée dans le but de persécuter les Noir.e.s, et qu’elle le fait encore aujourd’hui, comment peut-on sincèrement croire qu’elle traitera un jour de façon juste et égale les Noir.e.s ?  Il faut donc un changement radical, en l’abolissant, progressivement, pour ensuite la reconstruire sous de nouveaux paradigmes. Les défendeurs de #AbolishThePolice estiment également que le rôle associé aux policier.ère.s de sévir contre le crime n’est pas véridique. Selon Alex Vitale, auteur du livre « The End of Policing », la préconception associée aux rôles des policier.ère.s, soit de résoudre des crimes, s’avère fausse. En effet, celui-ci dit que la plupart des policier.ère.s ne font qu’une seule arrestation criminelle par année, voire exceptionnellement deux (9). Leur rôle est plutôt de répondre à des conflits d’origine non criminelle, de donner des amendes pour stationnement illicite, de faire du contrôle routier, etc. Termitope Oriola, professeur de sociologie à l’Université d’Alberta, affirme dans The Conversation que l’idée que la police contrôle le crime est un mythe, et qu’elle incarne plutôt l’apparence de l’ordre (12). Par ailleurs, les policier.ère.s ont un taux de résolution de crimes relativement bas et ils ne sont pas aussi efficaces quant à la résolution de crimes, contrairement à la croyance populaire, et ce, même de façon constante. Or, cette constance n’empêche pas le fait que leur budget a considérablement augmenté au cours des quatre dernières décennies. Selon des données, en 2017, aux États-Unis, environ 38% des meurtres, 70% des vols et 47% des voies de fait graves n’ont pas été résolus par les policier.ère.s (2).


Mais comment abolir la police ? Qui la remplacera-t-elle ? MPD150, une organisation communautaire qui souhaite démanteler la police de Minneapolis, milite pour un « futur sans police », selon la rhétorique suivante : « Les personnes répondant aux crises dans notre communauté devraient être celles qui soient le mieux équipées pour régler ces crises, plutôt que d’avoir affaire avec des étrangers armés de fusils, qui ne vivent fort probablement pas dans les quartiers qu’ils desservent » (13).


Par exemple, tel que témoigné à CNN par Philip McHarrris, un supporter du mouvement #DefundThePolice, malgré le fait qu’il y avait dans son quartier des menaces de violence liées à l’utilisation d’armes à feu, l’intervention de la police n’était pas une option envisageable, pour sa propre sécurité, et il préférait s’en remettre à l’aide de ses voisins (10).


Quant aux crimes, MPD150 rétorque que des crimes surviennent lorsqu’il y a une absence des besoins de base. Ainsi, pour lutter contre le crime, il ne faut pas plus de policier.ère.s, mais plus de ressources dans la communauté, ce que partagent également les moins radicaux, #DefundThePolice. Comment ? En trois étapes : « Dispower, Disarm, Disband », réduire le budget de la police, lui retirer ses armes et la démanteler. La campagne #8ToAbolition, qui prône l’abolition de la police et des prisons, est également un modèle de la façon dont on pourrait progressivement se démunir d’une présence policière. Sa vision : un monde où il n’y aurait aucun meurtre commis par le corps policier, puisqu’il n’y aurait aucune présence policière (14).


Cependant, tous ne sont pas du même avis, que cela soit de la part d’intellectuel.le.s ou des personnes qui sont le plus touchées par les brutalités policières.


Marc Ouimet, professeur de criminologie à l’Université de Montréal, dans un article rédigé pour La Presse, s’oppose à l’idée déclarée par MPD150 stipulant que les sommes coupées à la police aideront à réduire la pauvreté et la criminalité. Selon lui, ces informations n’ont pas de base scientifique, puisqu’il n’y a pas d’étude criminologique prouvant qu’injecter de l’argent dans les services sociaux ferait baisser le crime (15). Dans Le Devoir, il dit : « la police protège surtout les gens en situation défavorisée. […]. Si on diminue la présence policière, ce sont les communautés désavantagées économiquement et socialement qui vont en payer le prix » (5).


Plusieurs élu.e.s afro-américain.e.s témoignent de ce dernier point. Ces derniers pensent que l’abolition des forces de l’ordre ou leur définancement n’est pas la solution envisageable. #DefundThePolice et #AbolishThePolice ne sont pas des politiques réalistes et échouent à tenir compte des enjeux touchant les communautés ayant le plus de contacts avec les policier.ère.s. Le maire de Newark dit que démanteler la police est une solution de « bourgeoisie libérale », et privilégierait plutôt une approche de réformes (1). Al Sharpton, qui se bat contre les violences policières aux États-Unis depuis des décennies, partage cette opinion et pense que « vouloir éliminer la police dans des quartiers où il y a une grande présence d’armes à feu est typique d’une gauche privilégiée, qui évoque ces questions en termes abstraits, mais que dans les faits concrets, les gens ont besoin d’un maintien de l’ordre efficace » (1). En effet, on reproche surtout à #DefundThePolice que ses revendications auraient un impact négatif quant à la protection des citoyen.ne.s vivant dans des communautés aux crimes dangereux.


Daneek Miller, membre du conseil de la ville de New York pour le district de l’est et du sud de Queens, renchérit en expliquant que définancer la police n’est pas une solution appropriée, dans un article qu’il a intitulé « Defund the police is a slogan that doesn’t help real people who need safe neighboorhoods ».  Il dit que les membres de sa communauté aux prises avec des problèmes de sécurité sérieux, comme ceux causés par les armes à feu, désirent des mesures qui assureront leur protection, ce qui n’est possible réalistement qu’en travaillant de concert avec la police, et #DefundThePolice reviendrait à enlever de la valeur aux réformes déjà entamées par le NYPD. Il parle notamment au nom de ses citoyen.ne.s, puisqu’il dit qu’il serait difficile de trouver un.e résident.e noir.e du sud-ouest de Queens qui serait en accord avec la thèse voulant que réduire de façon dramatique la taille de l’effectif policier soit une bonne réforme (16). La mairesse de Chicago, Lori Lightfoot, décrit #DefundThePolice comme un joli hashtag qui ignore la façon dont les réformes fonctionnent et qui va à l’encontre de ce que les citoyen.ne.s de Chicago désirent réellement. Un de ses arguments à l’encontre du définancement de la police est le fait que celui-ci contribuerait à heurter la diversité au sein du corps policier (17). En effet, la majorité des bavures policières à l’encontre des minorités et des Noir.e.s sont commises par des policier.ère.s blancs. Diversifier le corps policier serait une mesure entreprise afin de répondre aux critiques adressées au corps policier comme le profilage racial et afin de mieux représenter les communautés desservies, comme a tenté de faire le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), en 2020 (18).


Ainsi, les citoyen.ne.s de communautés marginalisées sont extenué.e.s de vivre avec une police qui guette le moindre de leurs mouvements et qui peut les appréhender pour des infractions mineures, mais ils ont également besoin d’elle afin d’assurer leur protection. Cela revient à déclarer que certains opposant.e.s ne veulent pas se débarrasser de la police, comme le veut #AbolishThePolice, mais ne souhaitent que sa réforme, ce qui nécessite la prolongation de son financement, contrairement à ce que désire #DefundThePolice. Par exemple, un sondage récent de Gallup révèle que 81% des Noir.e.s américain.e.s désirent que la police maintienne sa présence pour une même quantité de temps (61 %) ou plus de temps (20 %) dans les quartiers (19). On peut faire un lien avec ce qu’avance Jill Leovoy dans son livre Ghettoside sur les homicides à Los Angeles, en disant que les quartiers noirs pauvres sont dans une situation paradoxale, avec à la fois trop et pas assez de policier.ère.s (1).


Mais est-ce que remplacer le corps policier par une surveillance assurée par les membres d’une communauté serait une solution réaliste ? Prenons l’exemple de la surveillance de quartiers (neighboorhood watching), qui s’effectue principalement dans les quartiers résidentiels. Cette façon d’assurer la sécurité de tous et de toutes ne créerait-elle pas une situation de libre arbitre quant à ce que sont la loi et l’ordre, le juste et l’injuste ? Ne se pourrait-il pas que cette méthode, aux allures idéalistes, prenne une tournure semblable à celle que l’on reproche aux corps policier.ère.s ? Après tout, il n’y a pas que la police qui peut être victime de biais cognitifs... On reproche aux policier.ère.s d’abuser de leur autorité, un abus de pouvoir qui, dans certaines situations comme on l’a vu, engendre de profonds problèmes et des répercussions néfastes. Mais n’est-ce pas là la nature fondamentale de l’être humain ? Quiconque en état d’autorité va nécessairement commettre des excès et abuser de sa position. On l’a vu avec l’expérience Stanford, mieux connue sous sa version anglaise, the Stanford Prison Experiment (20).


Il y a lieu de recentrer la raison d’être de cette discussion ou de ce débat, sous peine de se perdre dans des questions politiques de lutte entre les classes sociales, de rapports de force et de pouvoir. Au cœur des questions soulevées, un consensus s’impose. Nous souhaitons tous et toutes être témoins d’une société dans laquelle une violence physique et institutionnelle qui gangrène un corps destiné à assurer notre sécurité disparaisse une bonne fois pour toutes.

  1. Claire LEVENSON, « Abolir la police? Quand le slogan se heurte au réel », Slate, 5 octobre 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, http://www.slate.fr/story/195476/abolir-police-etats-unis-difference-slogan-reel.

  2. Rashawn RAY, « What does « defund the police » mean and does it have merit? », Brookings, 19 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.brookings.edu/blog/fixgov/2020/06/19/what-does-defund-the-police-mean-and-does-it-have-merit/.

  3. Sean ILLING, « The “Abolish the police” movement, explained by 7 scholars and activists”»,Vice, 12 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.vox.com/policy-and-politics/2020/6/12/21283813/george-floyd-blm-abolish-the-police-8cantwait-minneapolis.

  4. THE WASHINGTON POST, « Dallas police chief : ‘We’re asking cops to do too much’», The Denver Post, 12 juillet 2016, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.denverpost.com/2016/07/12/dallas-police-chief-were-asking-cops-to-do-too-much/.

  5. Hélène BUZZETTI, « En finir avec la police ? », Le Devoir, 8 août 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020,  https://www.ledevoir.com/societe/583830/en-finir-avec-la-police.

  6. Shanifa NASSER, « Canada’s largest mental health hospital calls for removal of police front lines for people in crisis », CBC News, 23 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020. https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/police-mental-crisis-1.5623907.

  7. Erin SCHUMAKER, « Police reformers push for de-escalation training, but the jury is out on its effectiveness », ABC News, 5 juillet 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://abcnews.go.com/Health/police-reformers-push-de-escalation-training-jury-effectiveness/story?id=71262003.

  8. Rania MASSOUD, « Réformer la police ou réduire son budget? Le débat est relancé », Ici Radio-Canada Info, 8 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1709955/financement-baisse-securite-george-floyd-ordre.

  9. Mariame KABA, « Yes, we Mean Literally Abolish the Police », The New York Times, 12 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.nytimes.com/2020/06/12/opinion/sunday/floyd-abolish-defund-police.html.

  10. Scottie ANDREW, « There’s a growing call to defund the police. Here’s what it means », CNN US, 17 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.cnn.com/2020/06/06/us/what-is-defund-police-trnd/index.html.

  11. German LOPEZ, « Was Nixon’s war on drugs a racially motivated crusade? It’s a bit more complicated », Vice, 28 mars 2016, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.vox.com/2016/3/29/11325750/nixon-war-on-drugs.

  12. Temitope ORIOLA, « Defunding the police requires understanding what role policing plays in our society », The Conversation, 7 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://theconversation.com/defunding-the-police-requires-understanding-what-role-policing-plays-in-our-society-143721.

  13. MPD150, Building a Police-Free Future : Frequently Asked Questions, MPD150.COM, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.mpd150.com/wp-content/uploads/2020/06/MPD150-FAQ-Text.pdf (PDF).

  14. Gwenola RICORDEAU, J. CHARBIT, S. MORISSE, « Faut-il abolir la police ? La question fait débat aux États-Unis », Slate, 16 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020,  http://www.slate.fr/story/191643/etats-unis-manifestations-george-floyd-abolition-defund-police-mouvement-abolitionniste-france-desarmement-forces-ordre.

  15. Marc OUIMET, « Définancer la police », La Presse, 27 juillet 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020,  https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2020-07-27/definancer-la-police.php#.

  16. I. DANEEK MILLER, « Defund the police is a slogan that doesn’t help real people who need safe neighboorhoods », Think, 18 août 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.nbcnews.com/think/opinion/defund-police-slogan-doesn-t-help-real-people-who-need-ncna1237116.

  17. Shia KAPOS, « ‘It’s a nice hashtag': Chicago’s Lightfoot pushes police reform, not defunding », Politico, 24 juin 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.politico.com/news/2020/06/24/chicago-lightfoot-police-defund-336414.

  18. Michel SABA, « Le SPVM veut attirer des membres des communautés culturelles », La Presse, 15 février 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2020-02-15/le-spvm-veut-attirer-des-membres-des-communautes-culturelles.

  19. James A. GAGLIANO, « Calls to Defund the Police are dangerous », CNN Opinion, 15 août 2020, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.cnn.com/2020/08/15/opinions/defunding-police-dangerous-crime-gagliano/index.html.

  20. Maria KONNIKOVA, « The real Lesson of the Stanford Prison Experiment » The New Yorker, 12 juin 2015, [En ligne], consulté le 30 octobre 2020, https://www.newyorker.com/science/maria-konnikova/the-real-lesson-of-the-stanford-prison-experiment.

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