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Accès V.I.P. aux pays en développement?

Auteur·e·s

Hadi Khanafer

Publié le :

28 janvier 2022

**Ce texte a été écrit pour la section A, dans le cadre du Carnaval 2022.**


Qui dit nouvelle année dit nouvelle controverse, bien évidemment. Eric Cantona, ce fameux ex-joueur de football français, ne s’est pas retenu de dire ce qu’il pensait de la Coupe du monde 2022, tenue au Qatar. Cantona affirme qu’il ne visionnera pas la Coupe du monde et appelle presque au boycottage de celle-ci. Il se justifie en affirmant qu’il souhaite que la Coupe du monde se déroule dans un pays en développement où l’on peut promouvoir le football. Il pointe du doigt le Qatar, l’accusant de faire partie du projet uniquement grâce à son argent. Il finit par dire que les Qataris ne devraient pas avoir le privilège d’accueillir la Coupe, étant donné l’horrible traitement réservé aux gens ayant construit les stades au Qatar, ainsi que l’absence de culture footballistique chez eux.



Nonobstant l’agressivité de Cantona, ses propos, quoique imparfaits dans leur formulation, permettent tout de même de soulever une question très pertinente : les événements mondiaux de grande envergure devraient-ils se tenir exclusivement dans des pays en développement?

Certainᐧeᐧs sont d’accord avec Cantona sur quelques points, mais la vaste majorité s’oppose à ses propos, défendant que tout pays a le droit de se promouvoir en accueillant un événement mondial. D’autres voient dans ses propos un racisme déguisé, en mettant de l’avant que l’argument de l’exploitation est tout aussi applicable en Afrique du Sud, au Brésil et même en Russie, les hôtes précédents de la Coupe du monde.


Nonobstant l’agressivité de Cantona, ses propos, quoique imparfaits dans leur formulation, permettent tout de même de soulever une question très pertinente : les événements mondiaux de grande envergure devraient-ils se tenir exclusivement dans des pays en développement?


En faisant abstraction du sujet bouillonnant qu’est la Coupe du monde 2022, il est clair qu’une réponse affirmative à la question soulevée peut entraîner beaucoup de bénéfices.


D’abord, encourager la tenue d’événements sportifs de grande envergure dans les pays en développement favorise une certaine ouverture sur le monde. En effet, les pays développés comme la France, l’Allemagne et les États-Unis attirent déjà énormément de touristes. Malgré le fait que ces pays soient absolument magnifiques, ils demeurent facilement accessibles aux voyageurᐧeuseᐧs qui veulent les visiter et leurs attractions touristiques sont déjà assez populaires aux yeux du monde entier. À l’opposé, les pays en développement sont presque systématiquement moins connus que les pays riches et pour cette raison, attirent beaucoup moins de visiteurᐧeᐧs. Permettre à ces pays de briller devant une diffusion mondiale est non seulement un effort d’ouverture sur le monde, mais aussi une chance de découvrir certaines régions du monde qui sont de véritables trésors cachés. Pensons entre autres à la Coupe du monde 2010 tenue en Afrique du Sud, qui avait comme chanson officielle « Waka Waka (This Time for Africa) ». Pensons aussi à la Coupe du monde 2014 au Brésil, qui a été votée la meilleure compétition de football de sa décennie.


En plus de l’enjeu culturel, il y a aussi un enjeu d’équité. En vérité, les pays en développement ont rarement la chance d’accueillir les meilleurᐧeᐧs joueurᐧeuseᐧs du monde, de quelconque champ sportif, ce qui est presque une normalité chez les pays plus riches grâce aux ligues locales. Par exemple, les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), qui sont considérés comme les meilleurs joueurs de hockey au monde, jouent presque exclusivement leurs parties en Amérique du Nord. Pour des raisons de sécurité à cause de la COVID-19, la LNH a récemment annoncé que ses joueurs ne participeront pas aux Jeux olympiques de Beijing cette année, ce qui a causé une énorme déception chez les amateurᐧtriceᐧs de hockey chinois et leurs voisins, qui auront probablement manqué leur seule chance de voir leurs joueurs préférés en action. C’est également valable pour la « Premier League » en Angleterre, qui met en compétition d’excellents joueurs de football connus à travers le monde, parmi eux, Cristiano Ronaldo, Mohamed Salah et Kevin De Bruyne. Les Anglaisᐧes ont la chance d’accueillir ces joueurs dans leurs stades chaque semaine. En comparaison, les clubs locaux des pays en développement n’ont malheureusement ni l’argent ni les moyens de s’offrir les meilleurᐧeᐧs joueurᐧeuseᐧs au monde. C’est ainsi que, pour les pays plus défavorisés, accueillir la Coupe du monde devient nécessairement plus significatif. On peut même aller jusqu’à dire que c’est l’opportunité du siècle.


Cela dit, l’opinion majoritaire demeurera celle qui défend le droit de tous les pays éligibles, riches ou pas, d’accueillir la Coupe du monde. Peu importe l’opinion défendue à ce sujet, elle est de seconde importance devant le but ultime de ces compétitions. Le sport est, d’abord et avant tout, une voie pour la paix. L’essentiel demeure la promotion des valeurs que l’on estime intrinsèques à l’activité sportive, comme l’excellence, l’esprit sportif et la persévérance, et ce, peu importe le pays qui accueille ces compétitions rassembleuses.

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