À quand plus de carabins sur patins?
Auteur·e·s
Simon Létourneau
Publié le :
14 février 2024
Au Québec, des niveaux de hockey junior, il y en a beaucoup. En comptabilisant la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec, la Ligue de Hockey Junior AAA du Québec et le réseau collégial, ce sont 57 équipes de hockey junior au Québec.
La question qui demeure en suspens : Que faut-il de plus pour enfin voir plus de Carabins sur patins ?
Le problème : que font tous ces joueurs après les rangs juniors ? Malheureusement, pas grand-chose !
Depuis plusieurs années, l’école prend davantage de place dans la vie des étudiants qui aspirent également à devenir de grands joueurs de hockey. En effet, le réseau des sports étudiants du Québec (RSEQ) implémente des standards de réussite scolaire dans les exigences d’admissibilité, récompense les résultats académiques et travaille, depuis plusieurs années, au développement du réseau scolaire de niveau secondaire. Il est clair que la politique de cette organisation est d’utiliser le sport pour motiver les jeunes à fréquenter l’école. Bref, l’école avant le sport, une politique parfaite pour augmenter la fréquentation scolaire.
En théorie, oui. En pratique, ça pourrait être mieux!
Le grand problème de la structure du hockey au Québec saute aux yeux après le Cégep : c’est presque le néant. Des 18 universités au Québec, seulement cinq d’entre elles possèdent une équipe universitaire masculine, dont deux anglophones. Les options sont donc limitées. Un bon joueur de hockey veut aller en médecine ou en droit au Québec ? McGill ou rien! Un bon joueur veut jouer en division 1 et étudier en français ? UQTR ou rien! De plus, il faut garder en tête que les athlètes universitaires sont admissibles pendant cinq ans. Ainsi, dans une équipe de 25 joueurs, les places disponibles pour les nouveaux joueurs se font rares, très rares. Dans les faits, ces joueurs se trouvent presque uniquement dans la LHJMQ. De sorte qu’un joueur qui a évolué toute sa carrière dans le réseau des sports étudiants au Québec n’a aucune chance d'atteindre les rangs universitaires dans la structure actuelle, ce qui est très dommage. Bref, l’école avant le hockey, mais jusqu’au Cégep seulement ! Après, au diable avec la conciliation hockey et études !
L’impact du manque de débouchés à l’université pour les hockeyeurs est pour le moins décevant, car un bon nombre de joueurs sont contraints de quitter le Québec ou bien de choisir entre les bancs d’école et le hockey.
Ce problème, il n’est pas nouveau. C’est d’ailleurs ce que le Rapport du comité québécois sur le développement du hockey soulignait en 2022. Depuis la parution du rapport, il y a eu quelques nouveaux joueurs dans la sphère du hockey universitaire alors que l’Université du Québec à Chicoutimi et l’ÉTS se sont joints à la ligue universitaire division 2, nouvellement créée.
Malgré cela, le problème est tout de même présent et l’absence des grandes universités (Université de Sherbrooke, Université Laval, Université de Montréal et l’UQAM) demeure un enjeu. De toutes ces absences, la plus décevante est celle de l’Université de Montréal.
Cette université d’environ 70 000 étudiants compte déjà parmi ses sports universitaires une équipe de hockey féminin. Cette équipe, primordiale pour le développement du hockey féminin à travers le Québec, implique nécessairement les infrastructures nécessaires pour accueillir une équipe masculine. À vrai dire, ces infrastructures sont même sous-utilisées alors que les disponibilités sont très nombreuses à la patinoire du CEPSUM, comparativement aux autres arénas du Québec. De plus, celle-ci sert presque exclusivement au hockey récréatif. Il y a donc très peu de spectateurs et, inévitablement, de revenus liés à la vente de billets.
Aréna, présent. Salle de sport, présente. Partisan.e.s et joueurs, en attente.
Évidemment, les coûts reliés à une équipe de hockey ne sont pas uniquement destinés aux infrastructures. Le personnel, l’équipement et les déplacements peuvent générer des dépenses importantes. Toutefois, l’UdeM a un budget annuel d’un peu moins d’un milliard. Considérant les moyens de l’université et le fait que les équipes sportives de l’Université de Montréal aient de bons rendements économiques, une équipe de hockey masculine serait envisageable. Sans compter qu’il y a fort à parier qu’une équipe masculine générerait de bons revenus de par la vente de billets, vu la popularité du hockey au Québec.
De plus, un appui gouvernemental semble probable. En 2022, après la parution du Rapport du comité québécois sur le développement du hockey, la ministre Charest, responsable des sports, s’est dite ouverte à l’idée d’un appui financier des équipes universitaires. Après les Kings, l’argent pourrait aller à une université francophone, non?
La question qui demeure en suspens : Que faut-il de plus pour enfin voir plus de Carabins sur patins ?
Selon moi, il manque de volonté. Il ne faut pas se voiler la face, l’UdeM peut, mais ne semble pas vouloir, une équipe de hockey masculine. Quand on voit le récent succès de l’équipe de football de l’Université de Montréal, il est évident qu’une équipe sportive est un atout indéniable pour une université, car celle-ci gagne en visibilité et en notoriété à travers la performance de ses étudiant.e.s athlètes. De plus, une équipe sportive anime énormément la vie étudiante. Pensez-y : un match de série au mois d’avril, des gradins remplis de bleu et des étudiant.e.s qui crient « Let ’s go Carabins ». C’est ce que j’appelle une vie étudiante stimulante.
Il ne faut pas oublier que la création d’une équipe sportive permet de mettre à l’avant-plan la santé et un mode de vie actif au cœur de l’université, un atout important qui s’aligne avec la politique budgétaire de l’UdeM.
Une équipe de hockey masculine à l’Université de Montréal, ce n’est pas seulement possible, mais souhaitable.
La contribution des étudiant.e.s s’avère essentielle pour que ce rêve devienne réalité. Une action qui peut aider la cause serait d’aller encourager l’équipe féminine de hockey sur glace. À travers ce geste, les étudiant.e.s de l’UdeM, en plus de voir à l’œuvre des étudiantes-athlètes exceptionnelles, montrent qu’iels aiment le hockey. Un autre geste serait de souligner ce désir directement à la direction, notamment à travers les assemblées universitaires, les associations facultaires ou même les journaux étudiants.
J’encourage chaque étudiant.e à valoriser le sport universitaire afin de continuer de permettre à des étudiant.e.s athlètes de rêver grand, faire leur marque et façonner l’avenir.
RSEQ, Hockey collégial masculine division 1 règlement spécifique, 2023
Alexandre Pratt, Le hockey universitaire au cœur du rapport, La Presse, 2022.
Comité québécois sur le développement du hockey, Le hockey, Notre passion, Bibliothèque et archive nationale du Québec, 2022.
Université de Montréal, Budget de fonctionnement, Bureau des communications et des relations publiques de l’Université de Montréal, 2023.
CEPSUM, Patinoire, horaire de disponibilité, 2023
Id., Budget de fonctionnement.
Id.
Devise de l’UdeM